Décès au centre Manu Iti à Paea: le maire s'exprime

Une femme de 66 ans est décédée samedi 11 septembre au centre Manuiti à Paea. Souvent stressé et médicalisée à domicile depuis 2 semaines pour Covid, elle est arrivée au centre le 7. Ce drame soulève plusieurs questions. Le maire de Paea a tenté d'y répondre ce matin lors d'une conférence de presse.

 

Le couple de sexagénaires était sous oxygène à domicile depuis près de deux semaines. Mais leurs deux enfants avaient du mal à suivre leurs constantes chaque heure tous les jours, d’où leur admission au centre Manu Iti.

Le matériel médicalisé et les deux personnes affectées au centre n’ont pas suffi pour sauver la dame. Samedi 11 septembre, le mari et leurs enfants décident de la maintenir sur place jusqu’à son décès. A 66 ans, elle succombe d'une embolie pulmonaire massive.

Face à la presse ce matin, le maire de Paea présentait un visage grave.

Antony GEROS en conférence de presse suite au décès au centre Manu Iti

Antony GEROS ne baisse pas pour autant les bras en affirmant:

Il faut mieux nous armer face au virus.

Antony GEROS - Maire de Paea

Il réitère sa demande aux médecins de prévenir la commune lorsque des malades du Covid sont hospitalisés à domicile. Il compte aussi proposer à l’Assemblée de la Polynésie de faire passer sur la liste des PPN (produits de première nécessité) l’oxymètre, le tensiomètre et le thermomètre infrarouge. Un kit couteux à l’achat en pharmacie qui s’avère utile pour les familles touchées par le coronavirus.

Interrogé au sujet de ce décès, le Dr Théron déclare que la patiente n'a malheureusement pas bénéficié d'un traitement immédiat puisqu'elle est restée confinée à domicile sans aucune médication. Il explique qu'il y a deux maladies différentes: « y en a une qui est un peu pénible, qui est un peu style une grippe. Si on la traite immédiatement on évite de passer dans une phase mortelle, une phase très grave. Après quand on arrive dans la phase très grave, il faut toujours anticiper sur cette maladie. Si on oublie de se dépêcher de mettre de l’oxygène, on meurt. »

La patiente n’avait aucun antécédent médical. Le seul souci c’est qu’elle souffrait d’un stress excessif car le Delta s’était emparé d’elle. Et ce stress pourrait être un facteur aggravant. Le Dr Théron souligne son impact, en se basant  sur des recherches menées dans le nord de l’Italie, et publiées dans un article du journal Le Monde en mai 2020.

Le maire de Paea invite ses administrés à se rendre à l’hôpital de Taaone pour se faire soigner, le seul lieu où ils seront totalement pris en charge.

Mr Géros rappelle à la vaccination car sur les 13 personnes admises à Manu Iti, seules 3 sont vaccinées. A ce jour, la commune de Paea enregistre plus d’une quarantaine de décès liés au variant Delta.

Précisions de l'ordre des médecins

 

Le président du conseil de l'ordre des médecins apporte quelques précisions :

"A toutes les familles de Polynésie française qui ont eu à subir la disparition d’un proche au cours de la grave épidémie que nous vivons depuis plusieurs mois, le Conseil de l’Ordre des Médecins de la Polynésie française s’associe à leur douleur et leur présente, en son nom et celui de tous ses membres, ses plus sincères condoléances.
Face à cette douleur qu’il convient absolument de respecter, le Conseil de l’Ordre des Médecins ne peut que déplorer le sensationnalisme recherché par certains médias, avides de popularité, et qui n’hésitent pas à employer des procédés irresponsables ayant pour effet de dresser les composantes de la société les unes contre les autres et ainsi altérer le lien de confiance des patients envers leurs « Taote ».
Il est compréhensible que la santé humaine suscite beaucoup de passions et convoque, face à l’inconnu, les peurs et les croyances les plus saugrenues, à fortiori en temps de pandémie frappant l’humanité tout entière. Néanmoins, les choix délicats opérés par les médecins, investis du serment d’Hippocrate, reposent sur les données acquises de la science, le respect de la déontologie médicale et une organisation collégiale faisant intervenir de multiples spécialités. De sorte que le Conseil s’érige en faux face à ceux qui tenteraient, par abus de langage, ignorance ou malveillance, d’évacuer toute complexité de la décision médicale et d’entretenir dans la population les raccourcis et simplismes selon lesquels la
médecine s’exercerait sous le règne de l’improvisation, de l’arbitraire ou de la sélection des vivants.
Si les médecins ne sont pas responsables des orientations décidées en matière de politiques de santé publique, ils jouent leur rôle d’acteurs de santé et de proximité auprès des patients au mieux de leurs possibilités.
En Polynésie française, le Conseil de l’Ordre des Médecins tient à rappeler qu’il a conservé une ligne à la fois audacieuse et mesurée en refusant de participer à l’hystérisation du débat public ; en rappelant son soutien aux soignants et en soutenant concrètement les médecins empêchés d’exercer pour cause de maladie et leurs familles ; en réaffirmant son soutien au principe de liberté de prescription des médecins tout en rappelant le cadre règlementaire des prescriptions et dispensations hors AMM ; en rappelant les règles d’ordre public et de respect de la déontologie médicale dont ne peut s’exonérer aucune structure faisant intervenir des prises en charge médicales et en s’associant, bien évidemment, aux autorités pour la mise en place de la politique vaccinale à l’égard des médecins comme du reste de la population.
Dans cette période exceptionnelle, comme en temps normal, le Conseil de l’Ordre des Médecins, autorité régulatrice de la profession, ne laisse aucun manquement à la déontologie imputable à un médecin impuni. Dès lors, aucune raison ne justifierait qu’il laissât sans réponse les attaques, trop fréquentes, d’une particulière virulence et infondées, portées contre le corps médical, y compris quand celles-ci sont commises par voie de presse."

conseil ordre des médecins