Excès de vitesse et paka, ingrédients d'un drame de la route

Il y a un an, Matahi, un chauffeur de camion sous l'emprise du paka, entrait en collision avec une moto à Paea, tuant son conducteur. Mais ce dernier roulait beaucoup trop vite au moment de l'accident. "Un dossier dramatique" où les responsabilités de chacun étaient en jeu.
Ce matin le tribunal correctionnel se penchait sur un cas particulièrement délicat. Celui de Matahi, 29 ans, qui comparaissait pour conduite sous stupéfiant le 6 février 2019, à Paea. Déjà condamné en 2014 pour usage de stupéfiant, le prévenu a reconnu les faits et a admis consommer du paka depuis ses 15 ans, en particulier le soir.

Chauffeur de camion, il a avoué que cette drogue lui faisait du bien après son travail qu’il estime difficile. Depuis l’accident, il affirme avoir arrêté de fumer. Il a par ailleurs fait l’objet d’un suivi clinique.

Une affaire presque banale si elle n'avait pas eu une issue tragique. C’est "un dossier dramatique" a estimé le juge unique de cette audience vraisemblablement embarrassé par la situation. Et pour cause, cet accident a fait une victime, un jeune homme qui est décédé suite à l’impact des deux véhicules, un camion bétonnière et une moto. La victime laisse derrière elle une femme et une petite-fille.

Mais le parquet n’a pas souhaité poursuivre le prévenu pour homicide involontaire, mais simplement pour conduite sous stupéfiant. D’où sa présence aujourd’hui devant le tribunal correctionnel. Le parquet a en effet estimé que la victime était responsable de son accident. Selon les témoignages, elle circulait sur une grosse cylindrée à plus de 130 km/h sur la route au moment des faits, soit plus de 80 km de trop par rapport à la vitesse réglementaire. Et elle roulait sans permis.

"C’est de sa faute, c’est dramatique mais c’est de sa faute"

A la suite de cette audience, le juge a décidé de condamner le prévenu à 60 000 francs d’amende dont 30 000 avec sursis. Le magistrat a également jugé irrecevable la constitution de partie de civile demandée par l’avocat de la concubine de la victime. En larmes à la sortie du tribunal, Nel estime cette décision injuste. On l’écoute.
 

Concubine de la victime



Du côté du conseil du prévenu,on estime que le comportement de la victime est clairement responsable de l’accident.
"C’est de sa faute, c’est dramatique mais c’est de sa faute", a déclaré Me Sylvain Fromaigeat, satisfait donc que son client ne soit pas poursuivi pour homicide involontaire.
 

Me Fromaigeat


Au-delà de l’issue dramatique de cet accident, cette affaire met en exergue une réalité des délits routiers commis régulièrement au fenua. Selon les chiffres de la sécurité routière 2019 sortie en janvier dernier par le Haut-commissaire, 62% des accidents mortels impliquent une vitesse excessive et 8%  la consommation de stupéfiant. Par ailleurs, chaque année, les forces de l’ordre relèvent plus de 1000 infractions pour défaut de permis de conduire.