Alors que la quinzième salon Te Raraa ouvre dans le hall de l'Assemblée, les artisanes des Australes alertent sur la pénurie de pae'ore. La culture du pandanus fait de moins en moins d'adeptes. Ginette l'a constaté. Originaire de Rurutu, elle vit à Tahiti depuis plusieurs années et a confectionné des accessoires par milliers avec du pandanus de son île natale.
"On manque vraiment de pae'ore. Rurutu ne plante plus aussi de pae'ore comme avant ! Et qu'est-ce qu'on fait ? On commande les pae'ore à Rimatara. Mais on voit les jeunes de Rimatara qui sont venus à l'école ici [à Tahiti, ndlr] roder parce-qu'il n'y a pas de travail. On devrait pousser les jeunes à s'intéresser encore à la nature : il faut qu'ils sachent que l'agriculture peut faire vivre ! Tu n'as pas besoin d'aller travailler pour quelqu'un d'autre" souligne l'artisane.
Précieux
Rimatara, étendue sur 8 kilomètres carrés, est la plus petite des îles Australes. Mais c'est cette île qui fournit aujourd'hui le plus de pandanus. Ses habitants peuvent ainsi fixer le prix du précieux rouleau à leur guise. "Si tu as du terrain, tu peux en planter plein. Avec le prix du fret qui a augmenté, c'est 5 000 cfp le rouleau", explique Gloria.
Pour éviter que le prix du rouleau ne flambe davantage, la présidente de l'association Te Raraa voudrait disposer d'une terre domaniale à Tahiti pour cultiver cette plante tropicale. Attentif, le ministre de la Culture en charge de l'Artisanat, Heremoana Maamaatuaiahutapu, assure qu'il va se pencher sur la question : "je pense que, s'il y a cette volonté, il faudra qu'on y accède. À la demande des artisans, pour la régénération des cocoteraies, nous avons étendu cette aide. Pour le pandanus, il faut peut-être aller plus loin" pose-t-il.
Multitude d'usages
Une plantation de pandanus existe déjà à Papara. L'avis des artisanes est partagé sur la qualité du feuillage, jugé trop friable selon certaines exposantes.
Le pandanus arrive à maturité au bout de trois à quatre ans. En Polynésie, c'est une matière également utilisée dans la confection de certaines toitures.
Le salon Te Raraa est ouvert jusqu'au 1er mars dans le hall de l'Assemblée. Près d’une quarantaine d’artisans y exposent une panoplie de bijoux, mais aussi paniers, pē'ue et chapeaux en pandanus. Un événement qui valorise les techniques de tressage typiques des Australes.