1er décembre, journée mondiale contre le Sida : "le VIH n’est pas une maladie mais plutôt une infection"

Combien de temps tu vis avec cette maladie ?

"Avant tout, je souhaite apporter une précision. Le VIH n’est pas une maladie mais plutôt une infection.

Beaucoup ont une méconnaissance du VIH et aujourd’hui, le VIH est considéré comme une pathologie chronique, telle que l’asthme, l’hyper tension ou encore le diabète, et nous savons tous que ces pathologies chroniques sont traitables. Le SIDA, quant à lui, est le stade ultime de l’infection, qui signifie que le corps a un système immunitaire très faible, qui ne peut pas combattre les maladies opportunistes. Et ce stade, on l’atteint si on ne se fait pas traiter, ou encore que l’on arrête son traitement.

Pour répondre à ta question cela fait deux ans et deux mois aujourd’hui que je suis officiellement  séropositif, indétectable.

Quand tu as su, comment as-tu vécu cette nouvelle ?

Dans le cadre de mon job, je devais passer des examens sanguins. Confiant car sept mois plus tôt, j’étais séronégatif et qui plus est, j’étais sous PrEP [la prophylaxie pré-exposition ou PrEP (de l'anglais pre-exposure prophylaxis) est un traitement médicamenteux qui empêche l'infection par le virus du sida], j’ai accueilli la nouvelle la tête haute, face au personnel médical, mais arrivé à ma voiture, je me suis effondré.

J’ai pleuré en me culpabilisant, en recherchant dans mes souvenirs quand est-ce que j’avais fauté, et en imaginant ma vie détruite et que j’allais mourir.

Qu’est-ce qui a changé dans ta vie ?

Rien n’a changé dans ma vie, mise à part prendre un cachet tous les jours… euhhh si plutôt tout a changé dans ma tête et dans ma vie. Je vois la vie avec optimisme et je suis reconnaissant de vivre dans un monde où la science nous permet de vivre normalement.

Qu’est-ce qui t’a aidé à surmonter cette maladie ?

Le soutien de ma famille, très proche, de mes meilleurs amis, et surtout de mon médecin traitant et de taote Nguyen et de ses infirmières, [ils] m’ont permis de voir la vie sous un angle différent mais surtout de considérer cette infection non plus comme une honte, car c’est elle qui vivra avec moi et non l’inverse.

Tu te sens mieux aujourd’hui ?

Je considère ma vie améliorée, en bien mieux. Je fais attention à moi-même en mangeant sainement, et surtout en ayant une qualité de vie, et surtout je suis en meilleure santé.

Depuis que je suis séropositif, j’ai eu le COVID une fois et rien d’autre depuis, alors qu’auparavant j’étais sujet à la grippe, aux angines, et au rhume très souvent.

En revanche et malgré cela, je dirai que je ne suis pas encore prêt a révéler ma séropositivité au grand public. Pourquoi ? Probablement parce que [c'est pour] finir le deuil de mon ancien moi.

Est-ce que tu te protèges toujours ?

Je suis en couple et mon compagnon est séronégatif, et concernant notre vie sexuelle, bien évidemment, elle se fait sans protection car nous savons tous les deux et surtout lui, que je suis indétectable, et que le virus est intransmissible grâce a ce seul cachet que je prends tous les jours. 

Un message ? 

Le message que je souhaiterais faire passer, c’est de ne pas vous négliger et de vous protéger aussi bien avec un préservatif ou encore avec la PrEP, car il suffit d’une fois pour voir sa vie changer.

Enfin, J’encourage tout le monde à cesser de diaboliser le VIH, je souhaite sensibiliser tout le monde à se faire dépister régulièrement et surtout à vous dire qu’en cas de résultat positif, il existe un traitement qui est tres efficace et que, pris en charge très tôt, il permet de rendre la charge virale du virus indétectable rapidement".

En Polynésie, 23 hommes et 2 femmes ont été contaminés par le VIH en 2024.
25 Polynésiens, c’est le double de l’année dernière. 

Ce matin, autour du marché de Papeete, la Direction de la santé et les associations Agir contre le sida et Cousins cousines ont tenu des stands de prévention.

Gilles Tautu a recueilli quelques réactions :