"Ce que j'ai vu tout à l'heure n'est pas digne. Il faut que nous y mettions un terme", a déclaré le ministre de la Justice à la presse à l'issue d'une visite du Camp-Est, dont les mauvaises conditions de détention sont régulièrement dénoncées.
Non prévue dans la loi de programmation pour le ministère de la Justice 2023-2027, cette opération, d'un coût estimé à 500 millions d'euros (59,66 milliards cfp), est le plus important investissement de l'Etat prévu en Nouvelle-Calédonie, selon le garde des Sceaux.
Il sera financé, au même titre que le centre pénitentiaire de Mayotte, par l'Agence publique pour l'immobilier de la justice, a détaillé à l'AFP le directeur de l'administration pénitentiaire, Laurent Ridel.
Sa construction fera passer la capacité actuelle de détention à Nouméa de 391 places pour 230 cellules à 600 places et 550 cellules.
La France condamnée par la CEDH
Lors d'un entretien télévisé accordé aux médias locaux, M. Dupond-Moretti a précisé que les travaux du nouvel établissement devraient commencer en 2028 pour une livraison prévue au plus tard en 2032.
Dès 2011, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté avait signalé dans son rapport une "violation grave des droits fondamentaux" en Nouvelle-Calédonie en raison des conditions de détention au Camp-Est, qui affiche un taux de surpopulation de 155%.
Cette situation avait conduit à la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) en 2020 et ouvert la voie à de nombreux recours.
Un député de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf, avait indiqué en 2023, dans une question à Eric Dupond-Moretti, que le total des indemnisations de ses détenus, suite à des recours, avait atteint 771 600 euros (92 millions cfp) entre 2021 et mai 2023.
Peines alternatives
En attendant l'ouverture du nouvel établissement, la justice privilégie les peines alternatives, a détaillé à l'AFP le procureur de Nouméa Yves Dupas. Selon lui, 24% des sanctions prononcées dans son ressort font l'objet d'un aménagement.
Vendredi, le garde des Sceaux doit se rendre à Koné, dans le Nord de l'archipel français du Pacifique, pour y inaugurer le centre de pénitentiaire de 120 places qui a reçu ses premiers détenus au début du mois.