"Stop à la violence en Polynésie", le slogan, porté par la dizaine d'ados en tête de cortège, résonne comme un appel à l'aide, à quelques jours de l'agression mortelle de Manoa. Parents, enseignants, élus politiques ou simples citoyens. Tous scandent un message poignant. Dans cette foule vêtue de blanc, 55 jeunes de la Fédération sportive et culturelle de France défilent avec conviction.
Comme Heiriti, encadrante de l’Union territoriale de la Fédération Sportive et Culturelle de France: "Ils se sentent mal. Mal de souffrir, de voir leurs proches mourir, leurs amis tomber dans la délinquance. et dans le suicide aussi, il faut le dire".
Le fléau de la méthamphétamine et le harcèlement scolaire sont aussi dans le viseur de ces fervents défenseur de la paix. Vetea explique ce "ça lui fait mal au coeur de continuer à voir ses copains dealer, continuer à polluer le fenua avec cela, c'est vraiment qu'ils sont faibles d'esprit". Même cri du coeur de cette grand mère venue de Papara: "le drame de Manoa nous a beaucoup touché. En tant que parents on ne souhaite pas qu'un tel drame puisse à nouveau se passer. Nous devons nous organiser pour qu'en prenant nos responsabilités de parents -et de grands parents-, il n'y ait plus jamais un autre Manoa".
Du front de mer à l’Assemblée de Polynésie, la foule prend de l’ampleur. Ils sont désormais 650 à marcher. Et parmi eux, des parents, comme Heimoana Lintz, encore meurtris par la perte de leur enfant à cause de la drogue. "Il faut s'adresser à ceux qui ne se sentent pas concernés. Cela peut arriver à n'importe qui. Avant, je ne me sentais pas concerné, mais j'ai perdu mon fils ily a moins de deux mois, je me bats pour aider la population à ne pas en arriver là"
Les chiffres sont alarmants, en 2022 on comptait près de 10.000 consommateurs d’ice en Polynésie. Pour ce qui est du harcèlement scolaire, un élève sur dix déclare être victime d’agressions de la part de ses camarades. Une montée de la violence au fenua, toujours plus inquiétante.