Ils y ont cru jusqu’au bout. Mais aucun miracle ne s’est produit. Tautupahia Mahuta, et ses collègues, salariés de la société Interoute ont été officiellement licenciés, mardi. "On espérait vraiment que quelqu'un reprenne la société...certains ont démissionné pour aller travailler ailleurs. Certains sont à la recherche de travail", déclare un ancien salarié. A la question de savoir s'il serait d'accord si une caisse de chômage était mise en place en Polynésie, il répond par l'affirmative mais "juste pour ceux qui n'auront plus de travail".
Mais la création d’un système d’assurance chômage est une arlésienne en Polynésie.
En mai 2020, en pleine crise du covid, à l’assemblée de la Polynésie française, le Tavini par la voix d’Eliane Tevahitua, qui n’était pas encore vice-présidente, exhortait même le gouvernement Fritch à faire preuve de courage et d’audace.
3 ans après, au moment de la liquidation judiciaire d'Interoute prononcée par le tribunal mixte de commerce, interrogée par la Dépêche de Tahiti, Vannina Crolas, la ministre du Travail, déclarait, "nous sommes contre la caisse chômage mais pas contre trouver un dispositif d’aide. On veut remettre au goût du jour la valeur du travail".
Le reportage d'Axelle Mésinèle :
Un choix que valide le patron du Medef, Frédéric Dock : "une fois que tous ceux qui peuvent auront du travail, on pourra éventuellement discuter d'un dispositif qui puisse accompagner les salariés qui ont perdu involontairement leur travail...Ce serait quelque chose qui serait financé par les salariés avant tout. Mais quels salariés ? Pour nous, il paraît évident que c'est l'ensemble des salariés, d'autant plus que ceux qui sont protégés devraient cotiser à un tel dispositif".
Le protocole d’accord de fin de grève signé le 16 novembre 2021 entre l’intersyndicale et l’ancien président du Pays, Edouard Fritch, prévoyait la mise en place immédiate d’un fonds d’aide aux salariés. Prévu pour le 1er janvier 2023, il n’a jamais vu le jour. Les syndicats avaient proposé un financement indique Patrick Galenon, président du conseil d’administration de la CPS et secrétaire général de la CSTP/FO : "On prévoit un fonds qui permettrait à ceux qui ont perdu involontairement leur emploi d'être dédommagés au moins 6 mois. Les CAE chaque année c'était 5 milliards cfp. Donc on avait proposé que la moitié, soit 2,5 milliards cfp, puisse constituer le premier fonds et après évidemment la participation du patronat ainsi que les salariés qui intégreraient ce fonds".
Caisse de chômage ou fonds d’aide, aucun des deux n’existe actuellement sur le territoire. Pourtant la loi du pays du 4 mai 2011 a fixé un cadre réglementaire. Quand un salarié perd involontairement son emploi, il a droit à une aide.
A ce propos, écoutez Vannina Crolas, la ministre du Travail :