C’est le baptême du feu du nouveau ministre de l’Économie et des Finances face aux élus. Warren Dexter a été accueilli à l’ouverture de la séance sous les applaudissements de tous bords, mais les amabilités s’arrêteront là pour l’opposition qui fustige dans la loi fiscale, l’absence de grande réforme de fond et des cadeaux faits aux investisseurs étrangers.
Le texte prévoit 10 ans de diverses exonérations, y compris sur le foncier.
"On supprime et on baisse de 20% la défiscalisation avec le résultat qu'il y a, c'est-à-dire que la plupart des projets sont mis en stand-by. Et de l'autre côté on propose ce dispositif qui ne fonctionne pas depuis 2014, et ça, c'est une réalité"
Nuihau Laurey - représentant non-inscrit à l'Assemblée de Polynésie
"Les impôts que les Polynésiens paient vont servir à aller aider des étrangers non seulement à venir s'installer ou porter leur projet ici, c'est une chose, mais le pire s'acquérir avec des deniers publics le foncier" dénonce Lana Tetuanui, représentante du Tapura.
Sous le feu des questions, le nouveau ministre oppose des réponses chiffrées. Avec ces exonérations, le gouvernement veut encourager les grands investissements, notamment dans le tourisme.
"Là, on est en train de parler de grands investissements, d'hôtels, qui vont produire des emplois. Donc, il faut savoir ce que l'on veut encore une fois"
Warren Dexter - ministre de l'Économie et des Finances
Le texte a finalement été adopté en milieu d’après-midi ce jeudi par 38 voix pour, 16 contre et 3 abstentions, taillé sur mesure pour un projet d'achat à 10 milliards de francs pacifique du groupe Aman Resorts, à Bora Bora. Le coup de pouce du Pays pour les grands programmes. "À l’heure actuelle, [les investisseurs] ont un crédit d'impôt qui leur est proposé de 10 milliards de Fcfp. Là, l'idée, c'est de les exonérer fiscalement, c'est pour que le Pays ait assez de budget pour venir soutenir derrière", argumente Heinui Lecaill, représentant du Tavini.
Reste que l’enveloppe de la défiscalisation est réduite à 5,5 milliards de Fcfp depuis 2018… Les demandes actuelles atteignent 140 milliards de Fcfp, soit 25 fois plus que ce qui est possible.