La vie de Jean-Pascal Couraud semblait simple : ancien journaliste aux Nouvelles de Tahiti, il continuait d’écrire pour des journaux hexagonaux et conseillait un opposant politique à Gaston Flosse, Boris Leontieff. « On a voulu tuer un gêneur » résume Me William Bourdon, un des avocats de la famille de JPK.
Preuves accablantes
Un mois avant sa disparition, Jean-Pascal Couraud aurait commencé à être filé par le SED, le service d’Etudes et de documentation monté par Gaston Flosse, et dirigé par un ancien de la DGSE, le service secret français.
Le jour de sa disparition, JPK aurait été interrogé une première fois dans les locaux de la flottille administrative par Rere Puputauki, le chef d’alors, et serait reparti libre. Mais dans la soirée, un commando de cinq GIP serait venu le chercher à son domicile, l’aurait conduit sur les quais et embarqué devant témoins pour un « interrogatoire » plus violent entre Tahiti et Moorea.
La conviction c'est que Jean-Pascal a disparu à l'issue donc d'un meurtre commis par des agents de la flottille administrative, dans la nuit du 15 au 16 décembre 1997 sur un bateau de la flottille administrative de manière assez violente. Il a été immergé...
Philippe Couraud – partie civile
Le corps du journaliste ne sera jamais retrouvé.
« Un excès de zèle qui a mal tourné » avait déclaré un lieutenant-colonel de gendarmerie membre du cabinet de Gaston Flosse, lors de son audition devant le juge. Car JPK détenait des informations précises, notamment sur le patrimoine de Gaston Flosse ou encore des liens entre une banque japonaise et Jacques Chirac. Une note de 14 pages, dont 13 pages sont versées au dossier d’instruction.
Vingt ans après, toujours pas de procès
Depuis dix ans, trois anciens GIP sont mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre. Et depuis cinq ans, deux autres personnes : l’ancienne compagne et son ex-amant pour meurtre, soupçonnés d’avoir été informés de l’intervention des GIP et d’avoir maquillé la disparition en suicide.
La procédure judiciaire s’enlise…
D'abord, parce que c'est un dossier dans lequel il n'y a pas eu au départ une volonté de la résoudre cette affaire. Le temps de la justice est long aussi parce que lorsqu'un témoin a eu le courage un jour de dire 'oui je suis témoin d'un meurtre' on le met en prison. (...) On passe son temps à mettre des bâtons dans les roues de la vérité.
Me James Lau – avocat de la famille de JPK
Le parquet général a écarté l’hypothèse du suicide ou de la fugue et privilégie « l’élimination d’un opposant politique ».
Un septième juge d’instruction vient d’être nommé sur l’enquête. La famille demande un assistant juridique pour l’épauler, au vu de l’épaisseur de l’affaire. Depuis 2023, elle demande aussi l’audition de Gaston Flosse.
Cette disparition est devenue l'affaire JPK et vingt ans après on est toujours à attendre la vérité judiciaire et attendre un procès.
Philippe Couraud – partie civile
Un contre-la-montre pour tenter de connaître la vérité. Le plus grand ennemi est aujourd’hui le temps.