Biennale de Venise : quand Yuki Kihara réinterprète Gauguin

Une photo à la manière de Gauguin.
C'est la Mecque de l'art contemporain. Tous les deux ans, la Biennale de Venise rassemble tout ce qui se fait au monde en matière de créativité. Cette année, l'artiste samoane transgenre Yuki Kihara est venue présenter sa manière d'envisager l'œuvre de Paul Gauguin en Polynésie. Lequel prend cher.

A la Biennale de Venise au pavillon de la Nouvelle-Zélande, l'exposition Paradis Camp signée Yuki Kihara revisite de manière inventive et critique l'oeuvre de Paul Gauguin. 

A travers des photos vivantes et touchantes, l'artiste transgenre originaire des îles Samoa, propose un nouveau regard sur le peintre français. "La plupart des modèles dans Paradise Camp sont majoritairement mes amis. Quand j'ai sélectionné les tableaux de Gauguin que je voulais réinterpréter, j'ai choisi les peintures qui, je crois, ont été inspirées par les îles Samoa", explique Yuki Kihara

Une photo de Yuki Kihara inspirée d'un tableau de Gauguin.

Quand l'artiste a découvert les peintures de Gauguin en 2008 à New-York, elle a été frappée par l'influence des îles Samoa sur certaines de ses oeuvres. Par la suite elle a trouvé une photo d'un Samoan qui semble avoir inspiré Gauguin, ou encore une carte postale qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un tableau du peintre français.

Le tableau de Gauguin, à droite, largement inspiré d'une carte postale.

Yuki Kihara a donc décidé à son tour de prendre elle-même l'apparence de Paul Gauguin. L'artiste s'est même amusée à mettre en scène une interview du célèbre peintre. "Comme vous le savez je suis un peintre, un graveur, un sculpteur et je suis français", dit Gauguin ressuscité à Yuki. Qui lui répond : "Je me présente Ao Tea roa, la Nouvelle-Zélande à la 59ème Biennale avec ma propre exposition Paradise Camp".

Yuki Kihara déguisée en Gauguin !

Yuki Kihara dénonce les travers colonialistes du peintre et sa manière d'utiliser les femmes polynésiennes comme des objets. 

A la Biennale de Venise, son propos et ses photos séduisent et touchent un public de toutes les nationalités. "Je trouve que c'est une ironie et d'une beauté éclatante", dit une dame. "Dans notre siècle, avec la population actuelle notamment des transgenres, c'est vraiment intéressant et amusant", déclare un visiteur. Pour un autre, "l'artiste réinterprète les oeuvres de Gauguin. A sa façon sûre de soi, elle est passionnante".

Après la Biennale de Venise, Paradis Camp sera exposée en Nouvelle-Zélande, puis au Japon.

Yuki Kihara rêve ensuite de montrer ses oeuvres à ses ami(e)s modèles sur place aux îles Samoa.