Le vote qui devait intervenir vendredi 6 janvier, a été reporté à ce jeudi 12. Pas de grève non plus. Du moins pour l’heure. L’intersyndicale se donne le temps.
Le projet de budget 2023 présente –encore- un déficit. Cette fois, de 6 milliards Fcp.
Avant le énième conseil d’administration de jeudi, les syndicats rencontreront ce mardi le ministre de la santé et la CPS pour voir si des solutions ont été trouvées.
Dotations stagnantes et sous-dotations
Accentuée par la pandémie, puis la saturation post-covid, la tension est forte à l’hôpital et -à priori- durable.
L’intersyndicale l’a dit : il y a plus que jamais urgence aujourd’hui. Par manque d’infirmières spécialisées, la moitié des salles du bloc opératoire est à ce jour fermée et des interventions chirurgicales reprogrammées.
Pour faire face à ses dotations stagnantes ou sous-dotations qui l’empêchent d’investir et de recruter pour fonctionner normalement, la direction de l’établissement et le Pays doivent jouer les équilibristes.
Pour le Pays, il faut multiplier les avances de trésorerie du Pays à coups de collectifs budgétaires, laisser des CDD sans titularisation – il y en avait 300 en 2020.
Pour l’hôpital, faire des emprunts, afin de renouveler une partie du matériel obsolète et augmenter le coût des hospitalisations pour les non ressortissants de la CPS (fonctionnaires d'Etat et touristes).
Trois rapports pointent les incohérences comptables depuis 2013
Bref, des incohérences parmi bien d’autres, pointées du doigt par deux rapports de la Chambre Territoriale des Comptes en 2013 et 2018 et celui remis au Pays en 2019, des inspections générales de l’Etat (l’IGA), des finances (l’IGF) et des affaires sociales (l’IGASS).
Tous pointent du doigt un financement incompatible avec une gestion responsable de l’hôpital.
Un financement qui se fait notamment par l’attribution de deux dotations par la CPS : une dotation principale reversée souvent avec retard pour le RSPF. Elle finance les activités de soins avec ou sans hospitalisation. Il y a aussi une dotation de contrats d’objectifs sur la réduction du nombre d’urgences et d’evasan ou encore via la facturation des soins aux non ressortissants.
Autre incohérence mise en évidence par les experts et magistrats financiers : le statut inadapté du CHPF. Etablissement à caractère administratif, l’hôpital est gouverné par son conseil d’administration. Ce dernier est présidé par le ministre de la santé et plusieurs membres du gouvernement y siègent.
Une anomalie pour la CTC qui recommande de clarifier les rôles du CA et de l’autorité de tutelle et de ne plus voir siéger les membres du gouvernement, car ils sont à la fois juges et parties.
La Chambre recommande d’adopter pour l’hôpital un statut d’établissement public. Cela a été tenté mais abandonné.
Par ailleurs, ce qui n’arrange pas les choses : les 3 rapports notent aussi un vieillissement prématuré de l’établissement dû je cite – « à des erreurs majeures de conception pour un patrimoine immobilier en milieu tropical ».
Rappelons aussi que si la construction du nouvel hôpital avait été financièrement soutenue par l’Etat, son budget de fonctionnement n’avait jamais été évalué par le Pays et donc négocié à Paris.
Pour preuve d’ailleurs : à son arrivée à Pirae en 2010, le nouvel établissement beaucoup plus grand et mieux équipé, s’était retrouvé avec la même dotation qu’en 2008, à l’époque de l’hôpital Mamao.
Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que le CHPF doit se serrer la ceinture.
Evasan : faire appel à la continuité territoriale ?
A noter également le rapport rendu en novembre 2021 à l’Assemblée par deux élues Tapura et Tavini sur la gestion des évacuations sanitaires au fenua supportées par la CPS. Toutes confondues, il y en a 36 000 par an.
Sylvana Puhetini et Eliane Tevahitua ont appelé à la création d’un fonds de continuité territoriale alimenté par l’Etat comme il en existe dans d’autres collectivités d’outre-mer. Tout ce qui relève du secours aux populations et de la sécurité publique est en effet de la compétence régalienne de l’Etat.