Dans la nuit du 20 au 21 décembre, les pompiers reçoivent un premier appel des gendarmes, à 2h37 du matin, puis un second appel du SMUR à 2h38. Le troisième appel vient d'une dame, à 2h39. D'après Charles Vanaa, directeur de la sécurité de la commune de Faaa, les équipes ont suivi la procédure "dans les règles" et sont arrivés sur place à 2h45. Ils ont effectué les gestes de premier secours. À ce moment-là, la victime est toujours en vie. Mais à 3h10 tout bascule : la fillette de 15 ans fait un arrêt cardiaque. Le SMUR prend la main et lui prodigue plusieurs massages pour tenter de la réanimer, en vain. Kailina Taurua décède.
Son père, en colère, pointe du doigt une intervention tardive des secours. Il présente sa version : oui, le premier appel a été passé à 2h37 mais plusieurs témoins rapportent que les secours ne sont intervenus qu'à 3h20 du matin. Soit près d'une heure après le premier appel. "On a les preuves" indique le père de famille endeuillé. Il a souhaité manifester sa colère au travers d'un rassemblement, dans la soirée du 26 décembre, sur le parking du magasin près duquel est morte sa fille. Une trentaine de riders de l'association Local Rider 987 ont rejoint le mouvement, pour le soutenir.
Le père, en leader, confie sa colère à la presse. Juste derrière lui, trois jeunes tiennent une banderole en l'air, avec un message d'amour adressé à Kailina et une photo d'elle pour lui rendre hommage. La fillette aussi était une passionnée de deux-roues, suivant les traces de son père. Il lui a transmis sa passion et en paie le prix fort. Il enterre sa fille, à la veille de Noël, avec une peine infinie que le temps aura beaucoup de mal à apaiser...
Que faisait Kailina sur la route cette nuit-là ?
Le soir du drame, l'adolescente roule en moto électrique lorsqu'elle percute un poteau sur le trottoir, près du magasin Joué club à Pamatai. Censée être chez une cousine, son père ne sait pas que Kailina est dehors à cette heure-là. Elle est allée rejoindre des amis sur la route de ceinture à Faaa. "Elle voulait rider un peu, c'est la passion qu'on a (...). Il n'y a rien à faire ici, les jeunes s'ennuient ! Alors ils sortent le soir. (...) Et puis, on nous enlève Faratea ! On manque de site pour rider", défend-il. Voilà donc ce que la jeune fille faisait dehors si tard.
Mais pour lui la question est ailleurs : pourquoi les secours ont mis autant de temps à intervenir ? "Ce n'est pas possible...presque une heure après l'appel...je ne comprends pas. (...) Qu'est-ce qu'ils faisaient ? La loi est pour tout le monde. On ne va pas lâcher", un témoignage appuyé par celui de Mme Williams, auxiliaire de soins, présente sur les lieux de l'accident et qui dénonce un travail "bâclé" des pompiers lors de la prise en charge. Pompiers ou SMUR, il semble y avoir confusion entre les deux... Le rider accuse aussi le choix d'emplacement du poteau, qui présente un danger indéniable selon lui. Un poteau entouré de bouquets de fleurs depuis le jour du 21 décembre et qui garde désormais une trace indélébile.
Tandis que le père de famille projette de porter l'affaire en justice, Charles Vanaa affirme bien que les pompiers sont intervenus à 2h45. Même s'il partage la douleur du père de Kailina, il regrette l'acharnement infondé à l'encontre des pompiers. "Il ne fait que répandre la haine. Il aurait pu venir nous voir pour avoir des conseils...Si les pompiers sont en tort je serai le premier à demander des comptes ! Mais tant que l'enquête ne le prouve pas, je défendrai mes équipes", affirme Charles Vanaa.
L'enquête suit son cours.