Dératisation des motu de Ua Pou : l'attaque des drones

Le drone de plus en plus utilisé là où les hommes ne peuvent y aller.
Aux Marquises une campagne de dératisation high tech a eu lieu à Ua Pou, la 1ère île avant toutes les autres. C'est le résultat d'une étude menée en 2021 par la société d'ornithologie Manu. Les drones ont été utilisés pour larguer des appâts pour les rats dans des zones difficilement accessibles à pied. Un processus extrêmement avantageux en termes de coût et d'efficacité.

Après une mission d'inventaire des espèces d'oiseaux l'année dernière sur les 3 motu de Ua Pou par Tehani Withers, il s'avère que le rat polynésien est devenu une menace pour plusieurs espèces aviaires déjà bien implantées dans ces endroits.

Les oiseaux, en particulier ceux qui nichent au sol ou dans des terriers, tels que les pétrels, les puffins et les océanites, sont les principales cibles de ces rats. Leurs proies préférées sont les œufs et les poussins, et dans le cas des puffins, même les adultes ne sont pas épargnés. En conséquence, de nombreux oiseaux ont dû fuir les motu, leur habitat naturel.

Les poussins comme les adultes sont la cible des rats. Il faut donc les protéger.

L'objectif crucial est donc de supprimer la présence des rats, ce qui permettra aux oiseaux de réinvestir leur habitat. Pour cette campagne de dératisation menée sur les trois motu de Ua Pou, l'association Manu Sop a fait le choix innovant d'utiliser des drones.

Il s'agit de la première utilisation de ce type de matériel dans une opération de dératisation aux Marquises.

Venus spécialement de la Nouvelle-Zélande, des spécialistes en épandage par drone sont donc venus jusqu'à Ua Pou. Les drones ont été utilisés pour larguer des appâts à destination des rats dans des zones difficilement accessibles à pied.

Très avantageux

Malgré certaines contraintes telles que la limitation de leur autonomie en vol, les drones se sont révélés extrêmement avantageux en termes de coût et d'efficacité pour ces îles spécifiques.L'opération à Ua Pou, dirigée par la SOP Manu, a été financée grâce au soutien de l'Union européenne, du programme PROTEGE (Projet Régional Océanien des TErritoires pour la Gestion durable des Écosystèmes), du Pays et de la CODIM, qui s'est étalé sur trois semaines, a nécessité une logistique complexe, notamment l'affrètement de la navette administrative Te Ata o Hiva.

Le contrôle du drone se fait à distance depuis le bateau. Pas besoin que l'opérateur aille sur le motu à dératiser.

Une plateforme spéciale a été construite sur place afin de permettre au drone de décoller depuis le bateau jusqu'au motu concerné. Les pilotes pouvaient ainsi rester à bord du bateau, évitant de s'y rendre.

La campagne de dératisation a été réalisée en deux étapes, avec une semaine d'intervalle entre chaque épandage de raticide. Il est important de noter que le produit utilisé n'a pas d'impact direct sur l'écosystème et ne persiste pas dans l'eau. Cependant, bien que les crabes marquisiens soient très appréciés, ils peuvent entrer en contact avec des résidus de raticide. Si une personne consomme ces crabes en très grande quantité, cela peut avoir des conséquences. 

Ne plus manger de crabes

Par conséquent, une campagne d'information a été lancée à l'attention des pêcheurs locaux, notamment ceux qui pratiquent la pêche aux crabes, les incitant à suspendre cette activité pendant six mois.

En partenariat avec l'institut Louis Malardé, des suivis sur la population de crabes mais aussi des poissons pélagiques seront effectués grâce à des captures réalisées par des pêcheurs locaux. Les échantillons seront ensuite envoyés à Tahiti pour être analysés. Ces campagnes de prélèvements permettront ultimement de déterminer si le raticide est présent dans l'écosystème avant de réautoriser la pêche.

Les résultats de cette opération de dératisation par drones devraient se voir d'ici un an.

Ecoutez Tehani Withers membre de la société d'ornithologie Manu, puis Steve Cranwell expert en éradication d'espèces envahissantes à Birdlife :

©polynesie

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