Une carte postale militaire, c’est sur ce papier-là qu’a réellement écrit le soldat. La professeure montre du vrai papier à lettres, pour aider ses élèves de quatrième à se mettre dans la peau d’une épouse, d’une amie, ou même d’un enfant de soldat.
110 ans plus tard, ils répondent à Henry Floch, Michel Topiac ou Gustave Bertier, quelques-uns des 1800 Poilus Tahitiens, qui ont combattu lors de la guerre de 1914 - 1918.
Honotea Raauri a 14 ans, mais il a dû se glisser dans le rôle d'une épouse, qui répond à son mari. « Au début, elle dit : tu me manques notre enfant se porte bien. Aujourd’hui nous sommes le 27 mars. Notre fils se nomme Harry, le nom que tu lui as choisi. »
Meine Lehartel, elle aussi, répond en tant qu'épouse :« Depuis que tu es parti, ma vie a totalement changé et tu me manques énormément. Notre vie ensemble me manque. Ce que tu me dis dans ta lettre me terrifie énormément. »
Un atelier d’écriture et d’expression orale dont les deux notes comptent pour le trimestre. Grâce aux échanges en professeure et élèves, cette évaluation s’est transformé en projet de classe. Manon Baligout, la professeure de français et de théâtre de cette classe précise : « La motivation, c'est lorsque je leur ai dit : cette lettre, on va la poster. On va l’envoyer dans le cimetière ou le monument aux morts, où le nom ou le corps du soldat qu’ils ont choisi repose. »
Ci-dessous, vous pouvez écouter et découvrir les lettres ouvertes de ces élèves de quatrième aux Poilus Tahitiens.
Un cours de français aux allures d’histoire, où les élèves sont plongés dans les souvenirs des soldats. Mathys Lai,13 ans, a trouvé cet atelier très instructif : «C’était découvrir aussi la vie des soldats, parce que lorsqu'ils envoyaient des lettres à leurs familles, ils racontaient un peu ce qu'il se passait. Ce fut très intéressant. Mais on a aussi appris que le gouvernement modifiait certaines lettres pour donner une bonne image de la guerre.»
Des mots d’adolescent pour décrire la censure de l’époque. Car le courrier mettait au moins 45 jours à arriver. Jean-Christophe Shigetomi a passé plus de 15 ans à étudier l’histoire des Poilus Tahitiens.
« Toutes les lettres passaient obligatoirement à la censure. Et la censure, ça veut dire qu'il y a quelqu’un qui, avec un ciseau, il te coupe la moitié de la lettre. »
Jean-Christophe Shigetomi / Auteur et passeur de mémoires
Des cartes postales le plus souvent écrites au crayon de papier. Antonina Bambridge en a découvert plus de 400 il y a cinq ans. Des correspondances entre son arrière-grand-mère et son grand-père.
Tony, âgé de 20 ans à l’époque, fait parti du premier contingent de Poilus Tahitiens. Antonina déclare avec émotion :« Ces documents qui ont plus de 100 ans sont encore très bien conservés. J’en ai choisi une, qui a été écrite par mon grand-père, à sa maman. Il dit : chère Mama, je t'écris ces quelques lignes pour te faire savoir que je suis de garde ce soir. Nous sommes en marche, de Marseille à Saint-Raphaël. Nous avons déjà fait 90 kilomètres. Je t’écrirais plus long. Je suis fatigué de cette marche d'aujourd'hui.»
Des cartes postales devenues une mission de partage pour Antonina. Elle souhaite publier la biographie de son grand-père, le soldat Tony, d’ici l’année prochaine.