Eau potable, assainissement...: difficile pour les communes de suivre à la lettre le CGCT

Fournir de l'eau potable dans toutes les communes avant la fin 2024 ? Le pari est difficilement atteignable même dans un an et demi.
Les communes veulent un délai supplémentaire pour répondre aux obligations du CGCT, le code général des collectivités territoriales, en termes d’eau potable et d’assainissement. Toutes ont jusqu’à fin 2024 pour distribuer de l’eau potable à leurs administrés et se charger de l’assainissement de leurs eaux usées. Un délai bien trop court et les fonds manquent, estiment les tavana. Tous ont demandé au syndicat pour la promotion des communes (SPCPF), de travailler sur le texte afin que la date butoir soit prolongée. Ils sont dans l’incapacité de répondre à ces obligations à l’heure actuelle…

Fournir de l’eau potable aux administrés, un vrai casse-tête pour les maires des 48 communes de Polynésie française. Non seulement, les conduites sont, pour la plupart, vétustes, mais il faut, en plus, trouver la ressource et la rendre potable. Un gros chantier qui représente des coûts conséquents. Pour l’heure, à peine un tiers des communes fournit de l’eau potable à ses administrés.

Parmi elles, Mahina. Il a fallu débourser plus d’un milliard de francs pour répondre à ce besoin. Autre astuce pour la commune, mettre en place un projet qui pourrait lui faire des économies en énergie. Pari gagné, avec la mise en place d’une galerie drainante à Tuauru. Et les résultats portent leurs fruits, assure le tavana de Mahina, Damas Teuira. "On fait des économies de moins 25 millions cfp sur les 100 millions payés par an au fournisseur d'énergie EDT, une des solutions pour pouvoir fournir de l'eau potable dans tous les foyers. Aujourd'hui c'est le cas, puisque la qualité de l'eau atteint 99,9% de potabilité à Mahina, l'objectif a été atteint", assure le maire de Mahina.

Pour être en règle par rapport au CGCT, il faudra encore du temps et beaucoup d'argent.



Du côté de la presqu’île, on s’active surtout à Teahupoo. Depuis quelques mois, les agents communaux travaillent d’arrache-pied pour que les habitants aient de l’eau potable.Surtout que dans 1 an, il y aura les JO de surf. Selon le maire, Tetuanui Hamblin, 70 % du réseau est posé. "Aujourd'hui nous avons rajouté un supplément de travaux non prévus, pour alimenter la zone logistique de ceux qui vont venir préparer les JO. Nous pensons commencer à injecter dès août ou septembre des produits pour rendre potable l'eau et on espère que d'ici à la fin de l'année, elle sera potable", dit-il.

Après Teahupoo, ce sera au tour de Vairao, l’année prochaine, puis Toahotu, en 2026. La commune de Taiarapu Ouest possède 16 km de réseau d’eau…. Et pour tout changer, il faudra débourser 540 millions de francs, et installer une cinquantaine de compteurs.

Quid de l'assainissement ?

Autre obligation pour les communes : l’assainissement. Et là aussi, ce n’est pas gagné. Certaines ont trouvé la solution, comme Arue et Pirae. Se réunir avec Papeete, en communauté de communes pour faire des économies. Surtout que Papeete est déjà bien équipée. Pour l’heure, dans le projet, seuls les gros consommateurs seront connectés, précise le tavana de Pirae, Edouard Fritch. "Aujourd'hui on va collecter 80 utilisateurs, l'hôpital, les collèges, des lotissements...mais à terme tout nouvel immeuble qui va se construire autour de ce réseau aura l'obligation de s'y brancher. On a un schéma qui est pratiquement bouclé, mais c'est un schéma qui va être évolutif et c'est un réseau qui va se développer avec le temps", explique le tavana de Pirae.

5 milliards cfp, c’est le coût pour créer ces nouveaux réseaux. Et ce ne sera pas opérationnel avant fin 2024. Vous l’aurez compris, difficile pour les communes de répondre aux obligations du CGCT. La balle est dans le camp, désormais, de l’Etat.

Le SPCPF attend de rencontrer le nouveau gouvernement pour aborder ce sujet.

Ecoutez le reportage de Corinne Tehetia :