Emelie, seule Polynésienne gendarme et pilote dans la brigade motorisée

Sur sa moto de de grosse cyclindrée, prête à intercepter les contrevenants au code de la route.
Emelie est la seule et unique Polynésienne à exercer le métier de gendarme de la brigade motorisée. Au niveau national, elles sont moins d'une centaine de femmes motardes. Elle a débuté en tant que sous-officier, dans la ville de Vichy en métropole, avant de revenir au fenua.

A moto 8 heures par jour, Emelie était loin d'imaginer que ce serait son métier, elle qui se rêvait docteur à 7 ans. 

4 années de médecine en France et des redoublements l'ont durement éprouvée. Epuisée, elle voyage pour retrouver la liberté et réussit le concours de sous-officier de gendarmerie en 2013. 

Emelie et son collègue, le major Stéphane Frayssignes, commandant de la brigade motorisée.

2017 marque le tournant de sa vie, elle entame sa carrière de motarde pour être affectée à la brigade motorisée de Faa'a en 2021. "C'est une fierté, que je vois aussi à travers les yeux de ma famille. Avant tout, je me suis engagée en gendarmerie, j'ai essayé le travail de brigadier, prendre les plantons, les plaintes des gens, les interventions, ça me plaisait aussi. Cette expérience de motocycliste, je pense que c'est un bonus dans ma vie professionnelle. J'en apprécie vraiment toutes les facettes, la répression, j'aime beaucoup faire de la prévention auprès des jeunes Polynésiens", remarque l'adjudante Emelie.

Pacificatrice

La prévention en milieu scolaire et professionnel, c'est une des missions d'Emelie, mais 80% de son travail sont consacrés à la lutte contre l'insécurité routière. "Je suis très fier d'avoir une femme dans mon unité. Il n'y en a pas dans toutes les unités...Sur l'aspect technique et pratique sur le terrain, c'est quand même intéressant d'avoir une Polynésienne et une femme parce que lors des contrôles elle arrive très souvent, par son côté pédagoque, à résoudre des petits conflits qui pourraient s'envenimer. Et à la fin, cela se passe souvent très bien", souligne le major Stéphane Frayssignes, commandant de la brigade motorisée.

Retour aux sources au marae Tupuhaea dans la vallée de Hamuta.

A Pirae, c'est au marae Tupuhaea, un site sacré reconstitué et entretenu par l'association famililale, qu'Emelie reprend son souffle de vie auprès de ses ancêtres. "Là, si les tupuna parlaient, ils me diraient "Melie, tu ne viens pas assez souvent ici, tu manques à cette vallée", et c'est vrai. Je ne viens pas assez souvent, mais les fois où je trouve le temps, c'est toujours un ressourcement, je puise ma force de cette vallée, de la rivière Hamuta qui coule en bas", indique la jeune femme.

"Ouvre le champ des possibles et là où se pose ton regard, tu iras", une philosophie de vie qui a transformé le parcours d'Emelie en success story. A 40 ans.

 Le reportage de Kaline Lienard :

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