Emmanuel Macron se rendra la semaine prochaine dans le Pacifique, avec une visite attendue en Nouvelle-Calédonie où il prônera le "rassemblement" pour qu'indépendantistes et non indépendantistes parviennent à forger un nouveau statut, avant des étapes "historiques" au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a annoncé lundi l'Elysée.
En conjuguant son passage dans l'archipel d'Outremer et le premier déplacement d'un président français "dans le Pacifique en dehors de nos territoires", selon les termes d'un conseiller, le chef de l'Etat veut "réengager la France" dans cette région. Et mettre la Nouvelle-Calédonie "au cœur" de son "rayonnement à l'international" et de ses "intérêts stratégiques dans l'Indopacifique", a expliqué la présidence.
Emmanuel Macron, qui quittera Paris dimanche, est attendu à Nouméa le lundi 24 juillet au soir, pour sa seconde visite après celle de 2018. Le 25 juillet, il se rendra sur la côte Est pour aborder le problème de l'érosion du littoral, a précisé l'Elysée, soulignant seulement que Touho, où sa venue est évoquée, faisait "partie des sites qui permettent d'illustrer" ce phénomène.
Le thème du foncier sera aussi évoqué lors de cette séquence que le gouvernement espère sous le signe du "rassemblement" des Calédoniens "vers les défis du XXIe siècle" que sont "l'environnement, le développement économique, l'insertion sociale" et "la formation de la jeunesse".
Une manière, aux yeux de Paris, de dépasser les "fractures" entretenues par le climat politique lié à la longue phase qui s'est ouverte en 1998 avec l'accord de Nouméa et qui s'est close avec les trois référendums d'autodétermination de 2018, 2020 et 2021. Ces trois scrutins ont rejeté l'indépendance, mais le dernier est contesté par les indépendantistes du Front de libération national kanak socialiste (FLNKS).
Le bras de fer institutionnel sera donc bien au programme. Le 26 juillet, Emmanuel Macron aura en effet une journée "plus politique": il "s'entretiendra avec les différentes forces politiques calédoniennes ensemble", et prononcera un discours, selon son entourage. L'Élysée n'a pas dit s'il comptait débloquer les négociations sur le corps électoral en vue des élections provinciales de mai 2024, principal point d'achoppement pour la définition d'un nouveau statut de l'archipel.
"À ce stade pour le président de la République, ce qui est important c'est d'inviter l'ensemble de la représentation politique calédonienne à s'entretenir avec lui du futur statut et des négociations en cours", a-t-on seulement expliqué. À Paris, on veut "croire" dans "la volonté des Calédoniens et de leurs représentants à se réinventer" pour "réussir à créer ce consensus dont nous avons besoin pour élaborer le futur statut".
Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin est à la manœuvre pour chercher une issue à l'impasse institutionnelle, et a déjà prévu une nouvelle réunion, fin août, à Paris. Fin juin, lors de la dernière visite du patron de la place Beauvau dans l'archipel, le FLNKS semble avoir accepté du bout des lèvres de discuter de l'ouverture du corps électoral, mais le chemin est encore long.
Or, la commission des lois du Sénat a prévenu que le déclenchement de négociations tripartites entre l'État, les indépendantistes et les non-indépendantistes ne devait "plus être retardé" afin qu'une révision constitutionnelle puisse aboutir à temps pour les élections provinciales.
"Pays du Pacifique"
Le président Macron embarquera ensuite des personnalités calédoniennes dans la suite de son voyage à l'autre bout du monde, pour montrer aux "voisins" que la France est "un pays du Pacifique". Au Vanuatu, le 27 juillet, puis en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le 28, avant de regagner Paris, le chef de l'Etat doit en effet "décliner" sa stratégie en Asie-Pacifique, qui vise selon la présidence à "réengager la France" dans la région.
Face à l'influence croissante de la Chine, que les Etats-Unis tentent de contrer, "ce que nous proposons, c'est une alternative", a fait valoir un conseiller. Il a promis des "annonces fortes" en vue d'un "rehaussement" de l'engagement français notamment en matière d'aide au développement pour ces îles en première ligne face au réchauffement climatique, soulignant que "certains atolls risquent de disparaître sous la montée des eaux".
Un temps envisagée, une étape à Wallis-et-Futuna, autre territoire ultramarin, n'a pas pu être organisée notamment en raison de "contraintes logistiques", mais reste "un objectif" pour le président à l'avenir, a assuré l'Elysée.