Éric Spitz à propos des JO : « Je ne souhaite pas que la fête soit gâchée par une sécurité trop invasive »

Eric Spitz Haut commissaire de la République
JO, instabilité politique dans l'Hexagone, situation géopolitique dans le Pacifique, le Haut-commissaire de la République, Éric Spitz était notre invité hier soir.

Le Haut-commissaire de la République Éric Spitz, était l’invité de notre journal hier soir. Il a répondu à nos questions à propos des mesures de sécurité qui vont être mises en place dans le cadre de la tenue des Jeux Olympiques a Teahupo’o. Mais aussi des dépenses de l’État en Polynésie et de la situation géopolitique du fenua. 

1 milliard de Fcfp investi pour les JO  

Les services de l’État en Polynésie prévoient un dispositif inédit pour les jeux olympiques. 600 policiers, gendarmes et militaires sont déployés pour la protection civile. La circulation à Teahupo’o va être extrêmement réglementée avec des « pass » qui seront distribués à tous les habitants. Des conditions d’accès qui ont fait l'objet de discussions avec la commune, explique le représentant de l’État en Polynésie : « Ce n’est pas toujours facile d'expliquer aux riverains, qui a droit ou pas droit à un laisser passer consulaire, donc je remercie la tavana pour ça. » 

Avant la tenue de ces jeux olympiques, le haut-commissariat a quand même eu une première occasion de s’entraîner, grâce au relai de la flamme organisé le 16 juin dernier : « C’était une très bonne répétition, explique Éric Spitz, parce que ce parcours de la flamme il n’était pas si simple que ça à sécuriser. Mais l’État est aux cotés de la Polynésie pour que ça se passe bien. On a quand même investi près de 1 milliard de Fcfp pour l’alimentation électrique de la presqu’ile, la passerelle, l’aménagement du domaine rose ou encore la tour des juges que tout le monde trouve si belle. » 

Le bout de la route accueillera plus de 1000 personnes accréditées, des personnes qui sont volontaires ou qui feront partie du staff. 600 visiteurs sont aussi attendus, autant que les forces de l’ordre sur place : « On est en Polynésie quand même. Les risques sont quand même moins importants qu’en métropole, et je ne souhaite pas que la fête soit gâchée par une sécurité trop invasive. On est néanmoins confrontés à des risques nouveaux. Je pense au risque cyber, il y a une commune qui a été attaquée. Moi je dis aux tavanas qui nous regardent, ou aux chefs d’entreprises : quand vous êtes attaqués, prévenez-nous tout de suite, de manière à ce que l’agence nationale de sécurité informatique puisse agir. Et puis, il y a aussi tout le dispositif de lutte anti-drones, qui est nouveau et qu’on va expérimenter au cours de ces jeux olympiques » .  

En prévision, les forces de l’ordre ont également mis le paquet sur la sécurité dans toute la Polynésie. Son dispositif « place nette », est destiné à lutter contre la délinquance, le trafic de stupéfiants etc. Des opérations que le haut-commissaire souhaite reconduire : « De toutes façons la lutte contre la drogue est une lutte constante. Moi je ne fais pas de différence entre les drogues dures et douces. Elles créent beaucoup de dégâts. Je rappelle qu’un tiers des morts sur la route est lié à la consommation de drogues ».  

Une situation géopolitique entre les États Unis et la Chine qui « profite » à la Polynésie. 

Dans un contexte politique compliqué dans l’hexagone, avec un avenir incertain concernant le gouvernement, Éric Spitz se dit tout de même serein : « Le président de la République a refusé la démission du gouvernement, explique-t-il. On a toujours Madame Guévenoux, en tant que ministre déléguée chargée des outremers. Je ne suis pas inquiet. En revanche, je me réjouis de vivre et de participer au « vivre ensemble » en Polynésie. La Polynésie pourrait être inspirante pour le reste de la France. [...] Le Pays a toujours un interlocuteur. » 

Les dépenses de l’État en Polynésie augmentent de 11 milliards de Fcfp en 2023 pour un total de plus de 210 milliards de Fcfp. La moitié est destinée à la réalisation de projets de la compétence du Pays : « Nous dépensons certes de l’argent en masse salariale, notamment 75 milliards pour payer nos professeurs, indique le haut-commissaire. Mais il n’y en a plus que 500 sous contrat, les autres sont des polynésiens. La fonction publique est constituée à 80% de Polynésiens. Le deuxième point ; on a créé deux fonds nouveaux le fonds vert qui finance des associations de défense des tortues ou l’inscription des îles marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO, et le fonds de transition énergétique, tous contractés en 2023 et qui sont aussi la cause de cette augmentation des dépenses, mais toujours pour le bien de la Polynésie ».  

Les dépenses de l’état vont augmenter notamment à cause également du renfort du secteur militaire en Polynésie : « Nous remplaçons les deux vieux patrouilleurs par deux très jeunes, très performants, détaille-t-il. Et aussi nos avions par des Falcons pour avoir un rayon d’action plus important de manière à mieux protéger notre zone de pêche, où il n’y a pas eu d’opération de pêche illégale depuis une quinzaine d’années. Je tiens à le souligner. » 

En ce qui concerne la situation géopolitique du fenua, le représentant de l’État tient à rassurer : « Évidemment nous faisons partie d’un jeu géostratégique entre les États unis et la Chine, mais nous en profitons. Si Google a décidé d’investir et d’interconnecter la Polynésie avec tous les autres Pays du pacifique, c’est bien pour que tous ses câbles ne passent pas que par la mer de Chine lorsqu’ils vont en Asie. Donc, nous on en profite, et j’espère bien qu’on pourra mettre en place une stratégie, de profiter de nos 12 heures de décalage horaire avec la métropole pour que des activités puissent être déportées ici. Je rappelle qu’il y a déjà des entreprises métropolitaines ici qui font de la télésurveillance la nuit.   

Le bilan des dépenses de l’État va être édité à 10 000 exemplaires en français et en tahitien.