Lana Tetuanui s’était cassé les dents sur ce texte en 2022 au Sénat. Tematai Legayic refait une tentative par l’Assemblée Nationale : supprimer la prime d’éloignement des fonctionnaires d’Etat arrivant en poste en Polynésie.
Quel montant ?
La prime est de 5 mois de salaire brut non indexé par année de poste, dans n’importe quel territoire d’Outre-mer (hors centres d’intérêts matériels et moraux, CIMM).
Selon nos calculs, la prime démarrerait à 1,3 million de francs pacifique par année en poste, limitée à 4 ans maximum, versée par l’Etat. Florent Venayre, professeur des universités en sciences économiques affirme que la suppression de cette prime "sera une économie pour l'État, il n'y a aucun doute là-dessus. Par contre, ce sera une perte d'injection dans l'économie polynésienne, il n'y a aucun doute là-dessus non plus."
Tematai Legayic souhaite la voir supprimée uniquement en Polynésie. Les syndicats dénoncent un affichage politique. À l'instar de Diana Yieng Kow, secrétaire générale du syndicat STIP AEP UNSA, qui estime que : "si on supprime cette prime ici en Polynésie, les autres territoires ultramarins vont regarder, et moi je pense qu'il y a une rupture d'égalité de traitement."
Qui est concerné ?
Selon le dernier recensement de l’ISPF et les syndicats : entre 75 et 80% des fonctionnaires d’Etat sont polynésiens. La prime d’éloignement concerne donc entre 2000 et 2500 agents mutés. Florent Venayre explique que : "c’est de la fonction publique, il ne faut pas l'oublier. Donc il y a des concours qui sont à obtenir et qui nécessitent au préalable des diplômes. Et parfois effectivement il y a des Polynésiens qui ont accédé à ces concours-là, parfois ce n'est pas le cas. Regardez la magistrature par exemple, on a je crois un seul magistrat polynésien. Donc on serait bien embêté si on n’arrivait pas à tirer des magistrats métropolitains pour faire fonctionner nos tribunaux."
Les fonctionnaires d’Etat polynésiens exerçant en métropole ne touchent pas, eux, de prime d’éloignement. Le syndicat FO demande la réciprocité. Wallace Teina, délégué syndical FO Police déclare qu'il "y a une rupture d'égalité par rapport à nos enfants ma'ohi qui font leur carrière en métropole, qui n'ont pas droit à cette indemnité. Donc on trouve qu'il y a injustice par rapport à ce processus. Et donc je pense que là, c'est l'État qui doit garantir l'équité."
Tematai Legayic doit déposer son projet de loi la semaine prochaine. Il devra bénéficier de la majorité des voix pour espérer le voir adopté.