Femme tuée par son conjoint violent à Taravao : sa fille aînée veut comprendre les raisons

Désormais, la fille aînée de Marie-Christine effectue les démarches pour adopter le bébé de sa mère.
La femme de 39 ans qui a été mortellement frappée par son conjoint, ce week-end, à Toahotu, venait d’accoucher de son dernier enfant. Une vie entière marquée par les violences et dont elle n’a jamais pu sortir.

 Marie-Christine aurait été assassinée ce week-end par un nouveau conjoint violent. Elle venait d’accoucher de son 5e enfant. Le reste de la fratrie était déjà placé. "Heikura" (nom d’emprunt), fille aînée de la victime, tente de comprendre pourquoi sa mère est retournée avec ce conjoint violent.

Ecoutez son témoignage bouleversant :

C’est dans une petite maison de Toahotu que le meurtre se serait déroulé. Le couple se fréquentait depuis 1 an. Vers 1h du matin dimanche, le suspect, un septuagénaire installé depuis 2 ans dans ce quartier, aurait demandé un téléphone aux voisins, avant de se rendre aux gendarmes. "C'est presque tous les jours, j'entendais des disputes entre eux. Quand les gens se disputent, on ne fait pas attention, on n'entre pas dans leur ménage. On les laisse, c'est leur problème", raconte une voisine.

Depuis plus de 20 ans, Marie-Noëlle Epetahui accueille les femmes violentées chez elle, à la presqu’île. Marie-Christine y avait déjà trouvé refuge plusieurs fois. A 39 ans, elle connaissait ses droits et avait déjà déposé plainte. Mais ne parvenait pas à sortir de la violence, ni de l’alcool. "On se pose beaucoup de questions : pourquoi elle rentre toujours ? C'est comme un bébé que tu mets au monde, et après, pour le quitter c'est difficile. Même s'il a 60 ans, c'est toujours ton bébé. Voilà l'esprit d'une femme", explique Marie-Noëlle Epetahui, ancienne présidente de Vahine Orama Tahiti iti.

"La mort de trop près"

Le pôle d’aide aux victimes Te rama ora constate régulièrement la difficulté à quitter le domicile conjugal. "Certaines personnes, dès la première violence, vont partir. D'autres, au bout de 50 ans de mariage, vont dire "voilà, c'est la fois de trop, j'ai envie de profiter des années qui me restent, de mes enfants". Parfois, c'est parce que la personne a vu la mort de trop près et un déclic se fait", précise Marie D’Haveloose, psychologue de Te rama ora.

Le corps de Marie-Christine doit être autopsié afin de définir les causes exactes de son décès. Sa fille aînée quant à elle, a déjà entamé les démarches pour adopter le nouveau-né, son petit frère.

La maison dans laquelle s'est produit le drame.