Les produits 100% made in fenua partent comme des petits pains à la foire agricole.
Elise Tapati, qui tient un stand de légumes, avoue qu'elle a bien vendu cette année, "ca a très bien marché même si c'est une reprise de la foire, il y a du monde depuis l'ouverture jusqu'à aujourd'hui." Les gens ne sont pas venus seulement pour admirer les produits du terroir mais surtout pour les acheter et les consommer.
Au point que certains manquent. Comme les tubercules. "En ce moment, il est difficile de trouver du manioc, des patates douces, du taro, du ufi, mais pas les concombres ou les tomates", constate Pierre Brémond, propriétaire de deux roulottes à Paea, et qui tient un stand de restauration à la foire. Pour préparer les plats, Pierre peut trouver tous ces produits mais pas en quantité. "Hier on a commandé 20 paquets de taro à Papara, on a tout cuit ce matin, mais demain je ne sais pas s'il y en aura assez et même dimanche. Je n'ai pas encore utilisé le manioc ni les patates douces parce que j'en n'ai pas trouvés. Aujourd'hui, seul le taro est servi en gratin", reconnaît-il.
Heirani Nouveau est également restaurateur à la foire. Sa spécialité : le ma'a Tahiti aussi. Avant l'événement, il a préféré anticiper. "La préparation du ma'a Tahiti se fait des semaines à l'avance, il a fallu passer les commandes dans les îles, aux Raromatai principalement, et à la presqu'île, réceptionner le mitihue aux goélettes. Des îles, c'était principalement du coco, du manioc et des umara de Tahaa, et du mitihue de Huahine. On en avait besoin en quantité", dit-il, "on a passé commande la semaine dernière pour le week-end dernier, et on a repassé commande cette semaine pour ce week-end".
Ce qui prouve que les Polynésiens consomment local et en quantité. Un constat réalisé par Moetini Moutame, vice-président de la chambre d'agriculture. Les produits bio plus que les classiques manquent à la pelle. "On est toujours sous la demande, il n'y a pas assez de produits par rapport à la consommation. Beaucoup de producteurs mais pas assez de produits pour subvenir à la demande en bio. On est à la recherche de produits locaux classiques, patates douces, taro, effectivement il n'y en a pas assez", explique cet agriculteur bio. Son souhait est que l'agriculture prennent racine ailleurs qu'à Tahiti : " il faut développer ça dans les îles car ils ont des terres, la technicité. Il faut pousser nos jeunes à aller vers ce genre de produits, comme le taro, patate douce, potiron...tous ces produits qui poussent facilement."
L'objectif avoué serait qu'un jour la Polynésie atteigne l'autosuffisance alimentaire en matière agricole. Réduire les importations et augmenter les productions locales. "En surfaces cultivées, on est à 500 000 ha et il faudrait doubler pour pouvoir alimenter toute la Polynésie française...Pour y arriver, il faut de la terre et des agriculteurs. Et de la bonne volonté. Pousser les jeunes à devenir agriculteurs, ne pas travailler dans des bureaux mais sous le soleil et planter ses propres fruits et légumes pour les vendre à la population !"
Cette édition de la foire agricole marquerait-elle un tournant ? Beaucoup l'espèrent.