Encore dix morts ce mercredi 1er septembre 2021, indique le bilan épidémiologique du jour. Les fleuristes locaux ne s'en réjouissent pas mais les familles endeuillées comptent sur eux pour rendre hommage à leurs défunts.
Hausse circonstancielle d'activité
Frida Teissier cultive elle-même ses fleurs pour les bouquets qu'elle confectionne depuis une trentaine d'années. Vaihere Choune, est quant à elle gérante de l'entreprise Taharu'u Fleurs. La vague de décès actuelle est à l'origine d'une hausse de circonstance de leur activité.
Les commandes ont doublé. Frida en honorait deux par jour. Aujourd'hui, les demandes peuvent aller jusqu'à dix quotidiennement. Ses réserves en fleurs s'amenuisent mais elle garde le cap. Elle le doit à ces familles :
Quand ils appellent, ils sont vraiment dans la souffrance. Je fais mon possible. Pour l'instant, j'arrive à fournir.
Vaihere reçoit cinq fois plus de commandes, "une première" pour elle depuis qu'elle possède son fa'apu de Tiare Tahiti, a-t-elle confié.
Le rythme de travail est de fait plus soutenu. Les familles leur passent souvent des coups de fil dans l'urgence et le désarroi le plus total. Parfois, elles craquent :
Depuis le 15 août, cela n'a pas arrêté. Cela fait très mal. Je n'ai jamais ressenti cela.
Vaihere supporte très mal le fait que son "business" tourne mieux grâce aux décès qui se multiplient. "Le malheur des uns fait le bonheur des autres" récite-t-elle : ce bonheur là, elle n'en veut pas. Elle pense sérieusement à changer de vocation tant elle a de peine face à cette situation.
Je ne les appelle plus pour les prévenir que leur commande est prête. Je leur envoie des sms. Je préfère ne pas entendre leur voix.
Impuissantes face à la tristesse du deuil, il ne reste à Frida et Vaihere que leurs plus belles compositions florales à offrir.