Si l'édition 2022 avait fait l’impasse sur l’océan Pacifique, la mission Jeanne d’Arc 2023 se concentre sur "l’archipel de France", c’est-à-dire sur les territoires et collectivités d’Outre-Mer. L'itinéraire de ce voyage les emmène dans des "zones à enjeux maritimes, économiques, sécuritaires et environnementaux majeurs.", précise le ministère des Armées. Une mission inédite depuis 2001, année du dernier passage en Polynésie de l’ancien porte hélicoptère Jeanne d’ Arc.
« C’est un long déploiement dans des zones d’intérêt stratégique avec des enjeux maritimes, économiques, sécuritaires et environnementaux majeurs. Nous offrons un cadre de formation à la fois concret, réaliste et de qualité aux officiers de marine en devenir », indique le commandant du groupe Jeanne d’Arc.
Le groupe composé du BPH (Porte hélicoptères Amphibie) DIXMUDE et de la frégate furtive LA FAYETTE a touché la Polynésie le 15 mai dernier par une présence à Raiatea. À cette occasion, l’EDAR-R (Engin de Débarquement Amphibie Rapide) s’est rendu à Tahaa afin de reconnaitre et mettre à jour les sites de débarquement amphibie potentiels.
Pour sa part la section du RIMPA-P déployée à Raiatea quelques jours au paravant pour un exercice a pu elle se redéployer sur Tahiti en embarquant à bord du Dixmude par l’EDAR-R (Engin de Débarquement Amphibie Rapide). Une phase inédite de leur exercice et entrainement, car c’est la 1ère fois en Polynésie que ce type de matériel est mis à contribution et au profit du COMSUP Polynésie.
Armée par 800 marins et personnels des détachements de l’armée de terre embarqués, la mission Jeanne d’Arc permet d’accroître les capacités opérationnelles et la coopération régionale conduite par les COMSUP de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie pendant le temps de sa présence en Océanie.
Trente instructeurs de l’École navale accompagnent les 160 élèves, dont une vingtaine d’étrangers. A ces futurs officiers de Marine s’ajoutent des élèves commissaires, médecins des armées et des affaires maritimes de la DGA (Délégation Générale à l’Armement) et de l’EDHEC Business School.
Un déploiement exceptionnel dans des zones d’intérêts stratégiques et dans nos territoires d’Outre-mer, qui marquera la fin du cursus de formation, et l’aboutissement de 2 années d’études pour le groupe école d’application des officiers de marine (GEAOM), composé de 160 futurs officiers de la marine française provenant de l’école navale de Brest et des 10 provenant des marines étrangères également embarquées.
Ils deviendront des spécialistes de la lutte au-dessus de la surface, de la lutte sous-marine, de l’aéronautique navale, des commandos marine, plongeurs démineurs, canonniers, et système d’information et de communication. La devise de l’École navale se résume ainsi : « Pour la France, par les mers, nous combattrons ». Ces élèves fourniront à la Marine de demain des officiers prêts à commander et à aller au combat si besoin.
« Durant cinq mois, nous allons balayer l’ensemble des fonctions stratégiques comme les connaissances, l’anticipation, mais également la protection, la prévention, voire l’intervention en fonction de la situation»
Le capitaine de vaisseau Emmanuel MOCARD.
Ce tour du monde est aussi l’occasion d’apprendre à la mer, in situ, leurs métiers tout en effectuant des heures de quart, des exercices et diverses opérations. « Nous allons balayer des fonctions stratégiques comme les connaissances, l'anticipation mais également la protection, la prévention, voire l’intervention en fonction de la situation» » explique le capitaine de vaisseau Emmanuel MOCARD, commandant du Dixmude et le groupe « Jeanne d'Arc 2023»
Mais avant de toucher la Polynésie, les deux bâtiments ont effectué un exercice de défense aérienne avec 2 chasseurs F-35 et 1 patrouilleur maritime P-8 de l’armée de l’air australienne. Les élèves officiers ont participé à la simulation d’une enquête à bord d’un navire suspect joué par le patrouilleur australien « Cape Peron ».
Le groupe a ensuite participé du 24 avril au 6 mai 2023 à l’exercice inter armées CROIX DU SUD orchestré par les forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) où 12 nations ont été présentes. L’équivalent en Polynésie de l’exercice « MARARA » qui se déroule tous les 2 ans. À l’issue, le groupe Jeanne d’Arc s’est dirigé vers les Pacific Islands Countries (PIC) à Fidji pour le Dixmude et à Tonga pour le LA FAYETTE.).
Durant les trois jours de navigation entre Nouméa et l’escale de Suva aux îles Fidji et de Nuku’alofa aux Tonga, les exercices se sont enchaînés, souvent conjointement, permettant de poursuivre la formation des Officiers Élèves et d’entretenir les compétences opérationnelles du groupe et des divers détachements embarqués tels que la Flottille 35F, 3e RHC, 1er RS (1er Régiment de Spahis) 13e DBLE, (Demie Brigade de légion étrangère) 1er REG (1er régiment étranger de génie) et 3e RAMa (3ème régiment d’artillerie de marine). Au cours de ce déploiement, le groupe a été l’une des composantes du soutien français apporté à la Pacific Islands Forum Fisheries Agency (FFA) dans le domaine de la police des pêches.
Également à bord, le Groupement Tactique Embarqué fourni par la 6ème Brigade légère blindée composé de 120 hommes et 40 véhicules. Un détachement de l’Aviation légère de l’armée de Terre est également présent avec deux hélicoptères type « Gazelle » de l’ALAT. Cette contribution modeste de l’armée de Terre s’explique par la tenue dans l’hexagone de l’exercice interarmées de préparation au combat de haute intensité « Orion ». La marine pour sa part aligne un seul hélicoptère type Dauphin de la flottille 35F.
Le groupe a quitté la Polynésie ce dimanche matin 21 mai 2023 pour rallier d’une traite Acapulco au Mexique puis le canal de Panama et les Antilles où ils prendront part à des opérations de type NARCOPS (lutte contre les trafics de drogue). Mais avant il s’arrêtera à Clipperton afin de visiter l’atoll et profiter de sa présence sur zone pour effectuer une surveillance maritime de la ZEE.
Le retour à Toulon est prévu à la mi-juillet.