Hausse continue des matières premières : le BTP accuse le(s) coût(s)

Aujourd'hui, pour se lancer dans un chantier de construction, l'entrepreneur doit avoir les reins solides pour garantir le prix affiché sur le devis.
Le secteur de la construction a le blues. Les prix des matières premières n'en finissent pas d'augmenter. Selon les données de l'institut de la statistique, en 3 ans, le bois importé affiche une hausse de plus de 80% à la tonne. D'autres matériaux sont concernés par cette inflation galopante. Résultat : fournisseurs et entrepreneurs doivent s'adapter.

Sur un chantier de Pamatai qui a démarré en août dernier, afin de pouvoir honorer son devis, l'entrepreneur est obligé d'augmenter l'acompte demandé à ses clients. De 15 % il passe à 30%, une double garantie pour le constructeur comme pour le client. "Ca permet de garantir les prix annoncés au client, du coup on achète à l'instant T des fournitures estimées à une certaine valeur, et ça permet aussi d'anticiper éventuellement des pénuries", explique Raimana Manjard, entrepreneur.

Avec la hausse des prix des matières premières, un devis estimé il y a 1 an grimpe de 20% aujourd'hui. Un coup dur pour les jeunes ménages. "Quand on annonce à un jeune couple que leur projet de vie qui, l'an dernier encore coûtait 30 millions cfp, et que maintenant c'est 36 millions cfp, c'est sûr qu'ils ne peuvent plus s'engager parce qu'ils sont déjà au maximum de leur taux d'endettement vis-à-vis de la banque", poursuit Raimana Manjard.

Aujourd'hui, rien ne garantit qu'une commande passée il y a quelques semaines à un prix donné vaudra toujours ce prix-là.

Gestion compliquée aussi pour Amaury d'Hennezel, importateur de matériel électrique, qui approvisionne 500 fare OPH à l'année. Le câble a subi 25 % de hausse. Conséquence : les devis valables 1 mois sont réduits à 15 jours. "Avant on arrivait à tenir des prix sur 2 ou 3 mois sans aucun problème, aujourd'hui ça n'est plus possible. A présent, un fabricant de France, sur du câble par exemple, donne une validité de 48 heures sur une offre de prix. Donc c'est très compliqué à gérer. Nous on peut garder 15 jours de validité sur les produits que l'on a en stock ici, mais les fabricants augmentent en permanence", reconnaît Amaury d'Hennezel.

Le prix de la tonne de bois a subi une hausse de 80% en 3 ans.

Mais c'est sans doute le bois importé qui obtient la palme de l'inflation, avec une hausse de plus de 80% à la tonne en 3 ans. D'où un ralentissement des ventes et un impact sur les marges. "En 2022, au 30 septembre, on a de nouveau plus 35% par rapport à l'an dernier", déclare Jérôme Baraillé, responsable gamme bois et matériaux, "cela a pénalisé fortement nos taux de marge puisque pour certains marchés qui étaient signés en 2019, 2020 ou 2021 avant la hausse très soudaine des prix, on a été obligés de tenir les engagements qui avaient été fixés, et d'appliquer les tarifs qui étaient soit contractuels, soit commerciaux".

Sans maîtrise du prix du fret et avec un dollar fluctuant, les perspectives pour 2023 sont plus qu'incertaines.

Le coût des importations est en hausse à cause du fret et d'un cours du dollar fluctuant.