La situation est plus que critique dans cet archipel du Pacifique. Les différentes espèces de grimpereaux endémiques d'Hawaï, de petits passereaux appartenant à famille des Certiidés, sont menacées de disparaître.
La cause : le paludisme, une maladie transmise par les moustiques, qui ont été introduits pour la première fois par les navires occidentaux dans les années 1800.
Des scientifiques inquiets
Ces oiseaux aux couleurs vives peuvent mourir après une seule piqûre. C'est notamment le cas de l'i’iwi rouge, qui a 90 % de risques de mourir s’il est piqué par un moustique infecté. Selon le média britannique The Guardian, 33 espèces ont déjà disparu et la majorité des 17 restantes sont fortement menacées.
Les scientifiques tirent la sonnette d'alarme : si aucune mesure n'est prise, certaines espèces pourraient disparaître d'ici un an. Par exemple, la population du grimpeur de Kauai, ou "akikiki", est passée de 450 en 2018 à 5 en 2023, avec un seul oiseau laissé à l'état sauvage sur l'île de Kaua'i, selon le service des parcs nationaux.
"La seule chose qui serait plus tragique, c’est si les oiseaux disparaissaient et que nous n’essayions pas. Vous ne pouvez pas ne pas essayer"
Chris Warren, coordinateur du programme sur les oiseaux forestiers du parc national Haleakalā - The Guardian
Aujourd’hui, les défenseurs de l’environnement tentent tout pour sauver ces espèces menacées. Le National Park Service des États-Unis, l'État d'Hawaï et le Maui Forest Bird Recovery Project, se sont regroupés pour travailler ensemble sous la bannière Birds, Not Mosquitoes. Leur stratégie : relâcher davantage de moustiques stériles.
Les chercheurs utilisent la technique des insectes incompatibles (IIT), qui consiste à libérer des moustiques mâles avec une bactérie naturelle qui empêche l'éclosion des œufs des femelles sauvages avec lesquelles ils s'accouplent. Ainsi, chaque semaine, un hélicoptère largue 250 000 moustiques mâles stériles, déjà 10 millions de ces insectes ont été relâchés.
Une technique utilisée en Polynésie française
Cette technique est utilisée en Polynésie française par l'Institut Louis Malardé pour réduire les populations des moustiques infectés mais aussi pour préserver l'endémique monarque de Fatu Iva en danger critique d'extinction à cause de la malaria aviaire. Cette alternative est plus efficace et écologique que l'utilisation massive de pesticides.
Depuis 2015, des lâchers de moustiques stériles sont organisés sur la zone du luxueux The Brando et les résultats sont très concluants, grâce notamment à l'appareil de stérilisation par rayon X du laboratoire. L’expérience sera bientôt étendue à Paea en juillet prochain, puis sur toute l’île de Tahiti. Pour les mêmes fins, cette technique a été utilisée avec succès en Chine et au Mexique, et des programmes se poursuivent en Californie et en Floride.