Avec deux autres jeunes activistes, Hinamoeura Morgant-Cross a recu ce mardi soir à New York, le Nuclear-free future award, pour son implication dans la cause anti-nucléaire et son militantisme pour faire reconnaître les impacts des 193 tirs realisés par la France en Polynésie.
"Dans la journée, nous avons eu une conférence durant laquelle j'ai pleuré et fait pleurer toute la salle, raconte-t-elle depuis New York. [...] J'étais très stressée car je suis très perfectionniste et ce n'est pas évident de faire un discours en anglais, mais j'ai été bien entourée. Il y a des Polynésiens de New York qui sont venus, des amis du Pacifique dans cette lutte anti-nucléaire depuis des années et Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France, des collègues parlementaires européens...donc j'étais bien entourée, mais beaucoup d'émotion de recevoir ce prix."
Ce prix me rappelle pourquoi j'ai choisi de m'engager dans ce combat et en politique!
Hinamoeura Morgant-Cross
Hinamoeura Morgant-Cross ne s'attendait pas à recevoir ce prix : "ce n'était pas un moment facile pour moi. La politique, je ne m'attendais pas à ce que ce soit si difficile," confie celle qui se dit aujourd'hui "être victime de jalousie et de méchanceté". Ce prix "me rappelle pourquoi je me suis engagée en politique et me redonne la force que j'avais perdue en août, pour faire avancer le combat du nucléaire. [...] On travaille dans des conditions au sein de notre parti où on se met des bâtons dans les roues. Le premier texte que j'ai déposé, on a dû faire une réunion pour demander à tout le monde de le voter, parce que certaines de mes collègues femmes ne voulaient pas le voter parce que c'était moi qui le portait. Mais où va-t-on ? Je [leur] demande d'arrêter de me mettre des bâtons dans les roues dans mon travail [...] car j'ai encore beaucoup de projets. Je ne me suis pas lancée en politique pour être la potiche de service de l'Assemblée de Polynésie, lever la main quand on me dit de lever la main. Je me suis lancée en politique pour travailler et je demande à pouvoir le faire dans des conditions correctes. [...] Ce Award, ce n'est pas parce que je suis au Tavini que je le reçois."
Plusieurs communautés affectées par le nucléaire, venant du Nouveau Mexique, du Japon, du Kazakhstan et des Kiribati, projettent de créer une coopération pour les recherches sur les maladies transgénérationelles et les problématiques sur la santé.
Hinamoeura Morgant-Cross souhaite également créer une fondation apolitique.
Avant elle, Bruno Barillot
Hinamoeura Morgant-Cross veut dédier ce prix à Bruno Barillot. "C'est vraiment lui, avec Tea Hirshon, qui ont eu le premier pas de la reconnaissance. S'ils n'avaient pas fait leur commission d'enquête en 2006, à l'Assemblée, on n'aurait jamais eu ce semblant de reconnaissance de la France."
En 2010, Bruno Barillot avait reçu ce Nuclear-free future Award. Ce militant avait co-fondé en 1984 l'Observatoire des Armements et Moruroa e tatou avec John Doom en 1999, avant de devenir délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires, en 2009, l'année précédant sa remise de prix.
Bruno Barillot est décédé en 2017.
La militante et représentante à l'Assemblée pense à tous les militants avant elle, remercie sa famille, en particulier ses parents, Valentina et Stanley Cross, son mari, son "roc" et ses enfants. Ses enfants pour qui elle dit qu'elle se "battra corps et âmes jusqu'à son dernier souffle" afin qu'ils vivent dans un monde sans armes nucléaires.
Financé par une fondation allemande, ce prix récompense les militants anti-nucléaire dans trois catégories : "Résistance", "Information et éducation" et "Solutions".
Hinamoeura Morgant-Cross reste toute la semaine à l’ONU pour suivre les débats en séance pleinière sur le traité d’interdiction des armes nucléaires.