Ils devront changer d'identité : trois Polynésiens s'engagent dans la Légion étrangère

Ils s'engagent dans la Légion.
Trois jeunes Polynésiens âgés de 17, 18 et 24 ans partent pour la métropole jeudi 16 janvier pour servir dans la légion étrangère. Ils devront changer d'identité pendant au moins un an.

Kenji, Ieremia et Talo sont prêts. Ce mercredi, ils ont signé un contrat pour cinq ans. Leur départ est prévu jeudi. Ils ont été retenus pour servir dans la Légion étrangère.

Les tests d'entrée reposent sur cinq critères de sélection, détaillés par le chef du recrutement Bertrand Tack :

  • la visite médicale où "on va regarder si le candidat est apte à continuer".
  • Les tests sportifs "qui sont la course à pied et les tractions".
  • Trois tests psychotechniques de 45 minutes chacun
  • un entretien de motivation
  • un entretien de sécurité.

Les trois jeunes ont passé les teste avec brio. Ils devront d'abord aller au bout des quatre mois de classe où ils seront formés sur les bases du métier de combattant. Ils seront ensuite affectés dans les régiments parachutistes, dans l'infanterie (combat à pied), la cavalerie (les chars) ou le génie (minage, déminage). 

Une opportunité pour tous

Talo Teagai s'y prépare depuis 2020. "J'ai des collègues qui sont à l'intérieur depuis bientôt quatre ans. J'ai voulu tester ce métier parce que déjà c'est un beau métier et faire partie de l'élite de l'armée c'est grandiose. Je voulais faire ce métier. Cette année, je me suis poussé. C'est pour avoir un métier fixe et de l'argent, on ne va pas se mentir. Ces temps-ci c'est dur d'avoir du travail" confie-t-il. Gagner sa vie et pouvoir aider sa famille, c'est aussi l'objectif de ses deux autres camarades. "C'est pour avoir un meilleur avenir, voyager et pour l'argent" admet Ieremia Teihotu. 

Outre les valeurs qu'elle véhicule, la Légion représente en effet une opportunité professionnelle pour les personnes non diplômées et celles avec un casier judiciaire. C'est pourquoi les légionnaires doivent changer de nom. "On met nos candidats sous anonymat pour une question de protection. À la Légion étrangère, on est les seuls à recruter avec un casier judiciaire donc c'est pour que tout le monde soit pris de la même manière. Au bout de quelques mois, moins d'un an, le candidat peut demander à retrouver son identité. C'est une démarche administrative assez rapide. Et il retrouve son nom" explique l'adjudant-chef Tack.

À seulement 17 ans, Kenji peut déjà intégrer la Légion. C'est ce qui l'a attiré. Le jeune homme avait hâte d'entrer dans la vie active. "J'ai des amis qui sont déjà partis d'ici et mon frère a déjà fait l'armée, c'est un métier que je veux faire depuis petit. (...) Je me sens bien, parce que j'ai réussi à intégrer la Légion" affirme-t-il, conscient que "ça va être dur physiquement et mentalement.

Une porte ouverte sur le monde

Le mental est un, si ce n'est le, critère essentiel pour servir dans la Légion. 150 nationalités différentes y sont engagées. "Il n'y a pas de niveau de diplôme pour s'engager à la Légion étrangère, tous les candidats démarrent sur la même ligne et ça marche au mérite. (...) Ce qu'on va regarder avant tout : le dépassement de soi à chaque fois. On demande à avoir un mental d'acier qui va permettre au candidat de surmonter les différentes épreuves tout au long de son parcours, tout au long de sa carrière. (...) Il faut que tout le monde puisse vivre ensemble. La rigueur et la discipline font partie de la Légion étrangère et ensuite, la cohésion" précise le chef du recrutement.

Une grande aventure humaine se profile attend les trois jeunes recrues. Cette dernière journée sera consacrée à leurs familles. Car une fois partis, ils ne savent pas quand ils reverront leurs proches. "Ça va être vide un peu la maison, mais on va faire avec. Je vais le soutenir parce que c'est ce qu'il veut faire" livre la maman de Ieremia, le cœur lourd. 

Et l'adjudant-chef de conclure : "je leur souhaite le meilleur !