"Je ne me sens pas en sécurité à mon propre travail" : certains commerçants du centre-ville agressés par des sans domicile fixe

Un sans-abri de Papeete, qui fait la manche dans l'indifférence générale.
Il y aurait entre 150 et 700 sans domicile fixe. Ils sont de plus en plus nombreux à faire la manche au centre-ville de Papeete. Si la plupart sont non violents, certains peuvent se révéler agressifs vis-à-vis des commerçants et des passants. Une insécurité difficile à vivre, malgré les rondes de la police municipale.

Papeete, ses passants et ses SDF...à défaut de trouver un travail, ils se tournent vers la mendicité, plus lucrative en illusion. "Cela arrondit mes fins de mois. Je sais qu'il y a des centres d'accueil. Ils disent qu'ils vont nous aider mais ils ne nous proposent que du café et une douche, c'est tout, en échange d'aller travailler" lâche Maiti Tane.

Il voulait de l'argent. Comme je n'ai pas cédé, il a cassé dans la boutique.

Ahuura O'Connor, commerçante

Plutôt pacifiques pour la plupart, certains d’entre eux, sous l’emprise de l’alcool ou autre drogue, font parfois preuve d’agressivité vis-à-vis de la population. Plusieurs commerçants du centre-ville en ont fait les frais. "Il voulait de l'argent et comme je ne lui ai pas donné il m'a bien fait comprendre qu'il voulait juste aller à Nuutania. Et comme je n'ai pas cédé, il a cassé dans la boutique. Franchement, j'ai cru que je n'allais plus revoir mes filles. Je ne me sens pas en sécurité à mon propre travail" confie Ahuura O'Connor, le visage fermé.

Dans une autre boutique, Ryan Kelly est témoin quotidiennement de cette agressivité. "J'ai eu plusieurs soucis...il y a même eu des jeunes filles qui sont venues se réfugier dans le magasin parce-que [les SDF] ont été agressifs avec elles. On a eu des déchets laissés et d'autres choses que je ne vais pas citer..." relate-t-il, inquiet. Une passante affirme même avoir vu plusieurs SDF en train de fumer du ice dans le parking Tarahoi, en plein jour.

Que fait la municipalité ?

Un sentiment d’insécurité d’autant plus complexe que le nombre de ces sans-abri augmente, malgré les opérations coup de poing menées par la police municipale. "On a affaire à des hommes et des femmes qui ont déjà accumulé beaucoup de difficultés dans leur vie. On essaie de leur forcer la main pour qu'ils puissent rejoindre des centres d'hébergement d'autant qu'aujourd'hui, on peut les accueillir" répond Remy Brillant, secrétaire général de la mairie de Papeete.

Municipalité, Pays et associations travaillent de concert à des solutions pérennes pour tenter de réinsérer cette population marginale, dont une grande partie est atteinte de troubles psychiatriques.