Joseph Uura a été accompagné à sa dernière demeure

Le dernier hommage avant le long voyage.
Une légende, un talent exceptionnel,Joseph Uura n'est plus... Expert dans l'artisanat traditionnel, costumier hors pair du Heiva, il laisse derrière lui un héritage unique et précieux. Après une veillée vendredi à Papara entouré de sa famille et ses amis, il a rejoint sa dernière demeure au cimetière de l'Uranie, ce samedi après-midi, là aussi entouré de ses proches.

Une haie d’honneur pour un grand nom. Joseph Uura a entamé son dernier voyage, hier, au cimetière de l’Uranie. Le groupe de danse Ātoroira’i lui a rendu un dernier hommage, saluant l’homme dont l’œuvre a profondément marqué la tradition du ‘ori Tahiti. 
À 14h00, son cortège a quitté la paroisse protestante de Papara, direction Faa'a, où les musiciens de la troupe l’ont accueilli pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. "Il nous quitte, c'est un au revoir", a dit à ce moment-là Hiri Tiauira, danseuse.

Beaucoup d'émotion.

Danseur, ra’atira et costumier, Joseph Uura a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Heiva i Tahiti, notamment grâce à ses créations uniques. Il avait conçu les costumes du groupe Ātoroira’i, mais n’a malheureusement pas eu le temps de finaliser cette tâche avant son décès. "A Tahiti, il n'y a pas vraiment quelqu'un qui peut tout terminer à la main, parce que ce papa-là faisait tout à la main. La seule chose qu'on pouvait faire, c'est de tout ramener aux Tuhaa Pae parce que là-bas qu'il y a des personnes qui peuvent faire comme lui", a indiqué Tauhere Sanford, cheffe du groupe Ātoroira'i. "L'an dernier, il avait fait tous nos costumes à la main, et cela avait beaucoup surpris...on était une centaine de danseurs, il a fait les costumes de tout le monde", a déclaré encore émerveillée Aie Manuel, meilleure danseuse du Heiva i Tahiti 2024.

Joseph ne participera pas au Heiva 2025. Mais il sera dans l'esprit de beaucoup.

Homme d’une grande humilité, Joseph Uura était également reconnu pour son savoir-faire, qu’il a transmis à sa famille et à ses proches. "C'est pour valoriser la culture polynésienne, il était à cheval sur ça...ça m'a permis de faire quelque chose de bien, et je peux me débrouiller toute seule", a reconnu, très émue, Yvonne Ganahoa, fille adoptive de Joseph.

Fondateur du groupe Torea Ura Nui, il a su sublimer les traditions polynésiennes à travers ses costumes. Il a également remporté le prix du plus beau costume Hura Nui, un prix aujourd’hui associé à son nom et à son héritage. "Quand les danseurs faisaient le mouvement de l'oiseau, ce costume bougeait avec leurs bras, c'était un assemblage assez extraordinaire", a expliqué Heremoana Maamaatuaiahutapu, ancien danseur.

Son travail, son influence et sa passion continueront de vivre à travers ses créations et dans la mémoire collective.

Le reportage de Théophane Teriitua :

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