Une haie d’honneur pour un grand nom. Joseph Uura a entamé son dernier voyage, hier, au cimetière de l’Uranie. Le groupe de danse Ātoroira’i lui a rendu un dernier hommage, saluant l’homme dont l’œuvre a profondément marqué la tradition du ‘ori Tahiti.
À 14h00, son cortège a quitté la paroisse protestante de Papara, direction Faa'a, où les musiciens de la troupe l’ont accueilli pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. "Il nous quitte, c'est un au revoir", a dit à ce moment-là Hiri Tiauira, danseuse.
Danseur, ra’atira et costumier, Joseph Uura a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Heiva i Tahiti, notamment grâce à ses créations uniques. Il avait conçu les costumes du groupe Ātoroira’i, mais n’a malheureusement pas eu le temps de finaliser cette tâche avant son décès. "A Tahiti, il n'y a pas vraiment quelqu'un qui peut tout terminer à la main, parce que ce papa-là faisait tout à la main. La seule chose qu'on pouvait faire, c'est de tout ramener aux Tuhaa Pae parce que là-bas qu'il y a des personnes qui peuvent faire comme lui", a indiqué Tauhere Sanford, cheffe du groupe Ātoroira'i. "L'an dernier, il avait fait tous nos costumes à la main, et cela avait beaucoup surpris...on était une centaine de danseurs, il a fait les costumes de tout le monde", a déclaré encore émerveillée Aie Manuel, meilleure danseuse du Heiva i Tahiti 2024.
Homme d’une grande humilité, Joseph Uura était également reconnu pour son savoir-faire, qu’il a transmis à sa famille et à ses proches. "C'est pour valoriser la culture polynésienne, il était à cheval sur ça...ça m'a permis de faire quelque chose de bien, et je peux me débrouiller toute seule", a reconnu, très émue, Yvonne Ganahoa, fille adoptive de Joseph.
Fondateur du groupe Torea Ura Nui, il a su sublimer les traditions polynésiennes à travers ses costumes. Il a également remporté le prix du plus beau costume Hura Nui, un prix aujourd’hui associé à son nom et à son héritage. "Quand les danseurs faisaient le mouvement de l'oiseau, ce costume bougeait avec leurs bras, c'était un assemblage assez extraordinaire", a expliqué Heremoana Maamaatuaiahutapu, ancien danseur.
Son travail, son influence et sa passion continueront de vivre à travers ses créations et dans la mémoire collective.
Le reportage de Théophane Teriitua :