Kalani Itchner : de Tahiti à Dubaï, elle partage son expérience chez Emirates

Kalani pose fièrement avec son uniforme.
À 22 ans, elle avait déjà fait le tour de la terre ou presque. Kalani Itchner a intégré, en 2022, l’une des plus éminentes compagnies aériennes du monde. Miss Punaauia 2019 nous raconte son expérience chez Emirates.

Kalani rêve d’aventure depuis toujours…née en Nouvelle-Zélande et Polynésienne dans le sang, la jeune femme grandit à Tahiti. Victime de harcèlement scolaire, elle erre de collège en collège et nourrit secrètement ses ambitions de découvertes et de voyages. La Nouvelle-Zélande est son échappatoire. Elle s’y réfugie après l’obtention de son bac STMG options finances et le titre de miss Punaauia, en 2019. 

Miss et Mister Punaauia 2019

Des doutes et des peurs

Seule dans son studio, c’est le grand face à face avec elle-même… Elle entreprend un cursus en tourisme, aviation et management puis commence à travailler chez Air New Zealand où elle accompagne les mineurs voyageant seuls et toute autre personne ayant besoin d'assistance. 

Tahiti lui manque mais le covid la freine. En 2022, la réouverture des frontières est annoncée : elle saute dans l’avion direction Papeete pour aller voir ses parents et passer quelques semaines de vacances.

Vibrer 

En manque de mana, Kalani veut vibrer sur To’ata. La danse est aussi sa passion depuis le plus jeune âge. Outre la découverte et les voyages : “participer au heiva a toujours été mon rêve” raconte-t-elle. Au mois de juillet, la voilà donc sur scène. 

La danse est aussi sa passion.

C’était fort, j’étais à fond.

La jeune femme réalise alors son attachement à son île d’origine, la beauté de son Pays et la chance qu’elle a d’y vivre.  

“J’ai eu une connexion. Partir m’a ouvert les yeux sur tout ce que j’avais ici !

Elle s’engage dans une formation pour intégrer Air Tahiti. Elle est à deux doigts de décrocher sa place quand les doutes la submergent soudainement. 

Je voulais avoir un plus gros bagage avant de revenir définitivement ici.

Quitte ou double

Kalani sent que sa place n’est pas à Tahiti, en tout cas pas tout de suite. Le monde l’appelle, elle veut se forger. Alors, elle plie bagage une nouvelle fois, direction le pays au long nuage blanc. 

Ses instincts ne l’ont pas trahi : quelques jours plus tard, l’offre d’emploi pour Emirates se présente. Kalani tente, sans trop d’espoir. “Je me suis dit, ‘on va voir ce que ça donne’, mais vu le nombre de candidats, il y avait peu de chance” se remémore-t-elle.

Qu’importe, elle rejoint le lieu de rendez-vous à Auckland et passe les épreuves aux côtés de nombreux autres candidats, le 14 octobre. Contre toute attente, elle valide les tests un à un jusqu’à l’entretien d’embauche, alors que d’autres filles “plus belles que moi” ont vu leur rêve s’envoler. 

Les badges à son nom.

Cela a duré de 8h à 17h. Finalement, j’ai validé toutes les étapes et j’ai pu décrocher mon entretien. Ensuite tu dois attendre qu’on te rappelle, c’est ton golden call.

Deux jours plus tard, son téléphone sonne. Il est 21 heures quand Kalani apprend que sa candidature a été retenue. 

Wouaw, c’était à peine croyable. C’était un gros truc...

Départ pour Dubaï

La jeune femme peine à trouver les mots pour décrire la joie qu’elle a ressenti à ce moment-là. Tout est allé très vite ensuite. “Il fallait que je parte une semaine plus tard. Donc j’avais une semaine pour faire un rapport d’hygiène dentaire, c’est surprenant mais c’est ce qu’il leur fallait absolument, avec le détail de tous mes vaccins…et voilà, une semaine plus tard j’étais à Dubaï” se souvient Kalani. 

Elle nous montre les mots d'adieu de ses collègues d'Emirates, leurs photos ensemble et chacune de ses cartes d'embarquement. Kalani garde précieusement tous ses souvenirs de la compagnie...

Une fois embauchée, tout est pris en charge : le billet d’avion Auckland-Dubaï, le service transport depuis l’aéroport et le logement. C’était l’inconnu, pour elle et pour ses parents, inquiets au début de la voir partir si loin, dans un pays qui leur était totalement étranger. Un changement de vie radical.

J’étais à la fois excitée, mais la solitude m’a envahie : j’étais livrée à moi-même. Je suis arrivée dans le grand appartement où on m'a déposé, un carton m’attendait dans ma chambre avec des vivres, du matériel pour l’hygiène, un fer à repasser...

Puis elle a directement enchaîné avec la formation. La jeune femme n’a toujours pas réalisé ce qui lui arrive mais pour la première fois, elle se sent à sa place. 

Les filles sont formées aux évacuations d'urgence.

Kalani a bénéficié d’une formation complète, incluant le service client et les aspects techniques, esthétiques, de sécurité, de premier secours et de self-défense.

Formation incendie dans le simulateur.

Les personnels navigants commerciaux doivent être capables de faire accoucher une femme en urgence, de faire face à des usagers violents ou désorientés, ou encore à des terroristes. 

Quand on a eu nos uniformes, je me suis rendue compte que tout ça était réel.

En quête d’identité

Après deux mois de formation intense, la voilà fin prête. Place aux deux premiers vols d’observation, avant de prendre les rennes. “Tu es hyper excitée, tu ne sais pas où tu vas aller, tu ne sais pas non plus ce qui va se passer” confie Kalani.

Premier vol - Mumbai.

Mumbai, Manchester, Bangkok, Hong-Kong, Kuala Lumpur, Séoul, Lisbonne, Zurich, Francfort “et j’en passe” : à 22 ans et en seulement cinq mois, Kalani avait déjà posé le pied tout autour du monde. 

Il n’y a pas un jour où je me suis forcée. J’adorais mon travail.

Mais après 450 heures de vol, la fatigue a commencé à se faire sentir. Stress et insomnie ont pointé le bout de leur nez. “C’est une vie à 100 à l’heure. On va dans plein de pays qu’on n’a jamais vraiment le temps de visiter, car il faut compter le temps de trajet vers l’hôtel, le check-in et le temps de repos : au final, il ne reste plus grand chose.” 

Kuala Lumpur, Petronas tower.

En décalage horaire permanent, sa santé en a pris un coup et le manque du Pays et de la famille n’a rien arrangé, sans compter la vie sociale réduite à néant ou presque…Kalani veut se ménager alors elle décide finalement de quitter la compagnie. Après avoir fait le tour du monde, Miss Punaauia 2019 est donc de retour chez elle à Tahiti avec des souvenirs gravés à jamais dans le cœur et une sacrée expérience sur son curriculum vitae. 

Il faut partir de Tahiti pour s’ouvrir l’esprit et mieux revenir”.

Kalani au Zimbabwe, Afrique. Une expérience qui lui a donné envie de faire des voyages humanitaires.

Kalani a posé ses valises pour quelques temps mais prévoit de redécoller un jour pour des voyages humanitaires si la vie le lui permet.