Kawehi la Polynésienne aime la Corée, Gina la Coréenne aime le ori tahiti

La Polynésienne Kawehi et la Coréenne Gina ont quelques points en commun.
Durant son séjour à Séoul, le Président Moetai Brotherson a appelé de ses vœux à renforcer les échanges, éducatifs et commerciaux, entre la Corée du Sud et la Polynésie française. Certains ont déjà franchi le pas. Un pas culturel. Comme Kawehi Tuaiva, jeune Polynésienne étudiante à Séoul. Ou Gina Kim, Coréenne professeure de ori tahiti. Toutes les deux poussées par la passion d’une autre culture et la découverte de l’autre.

A 21 ans, Kawehi Tuaiva parle coréen couramment. Elle fait partie de la génération K-pop, imprégnée de culture coréenne. Après son bac, elle choisit de venir 6 mois à Séoul pour apprendre la langue. Elle y étudie maintenant le commerce depuis 2 ans et demi. Loin du fenua car elle se sent bien en Corée. "On a tellement de chance maintenant que le monde soit connecté, il faut sortir de notre zone de confort et il faut découvrir d'autres pays. Il y a tellement de belles choses ici, de belles personnes que j'ai rencontrées", avoue la jeune femme. 

Kawehi étudie le commerce en Corée du Sud.

Dans soon campus de 16 000 étudiants, Kawehi est la seule Polynésienne. Elle y suit ses cours en anglais. Et oscille entre cafétéria et salon dédié aux étudiants. Originaire de Paea, elle a dû s’adapter à ce changement culturel, notamment sur le plan culinaire. "Ils mangent beaucoup épicé ici, et je ne suis pas habituée à ce genre de spicy en fait. Du coup c'est beaucoup d'adaptation. La première année, je n'ai pas du tout aimé, tout ce que je mangeais je n'aimais pas. Et puis il faut s'adapter en fait", reconnaît Kawehi. 

Ambiance pacifique

Autre ambiance à l’autre bout de la ville, plus pacifique. En effet, le son du to’ere résonne dans un immeuble de Séoul. Gina Kim, Coréenne, a ouvert son école de danse tahitienne il y a 6 ans. Véritable passionnée, elle a déjà participé à 3 Heiva, place To’ata. "J’avais entendu qu’il y avait beaucoup d’écoles de hula hawaien, mais pas de danse tahitienne. Alors je me suis dit : ‘je dois enseigner le ‘ori tahiti en Corée’ parce que je voulais continuer à danser et transmettre ma passion de la culture tahitienne", raconte cette professeure.

Gina est professeure de ori tahiti en Corée du Sud.

Aujourd’hui, elle compte une cinquantaine d’élèves. Ensemble, elles préparent le Heiva de San Francisco, prévu en août prochain. Pour Kumiko, une élève, danser le ori tahiti c'est comme s'évader : "Quand je danse, je ressens beaucoup d’émotions et…j’oublie tous mes tracas".

Enseigner la danse, ou bien apprendre dans les 500 établissements d’études supérieures, la Corée du Sud est devenue une destination prisée par des étudiants du monde entier. Pourtant, le pays vit aussi au rythme des alertes avec l'Etat voisin : la Corée du Nord et les menaces de missile.

Alerte ou pas, elle chante

Mais pas de quoi faire peur à Kawehi qui, lors d'une alerte la nuit dernière, a continué à déambuler dans les rues avec une amie au lieu de se mettre à l'abri. Comme beaucoup de Coréens. "Je pense qu'ils n'ont pas trop le choix, parce qu'ils n'ont nulle part où courir en fait, c'est juste à côté et s'il y a quelque chose qui se passe, ils ne peuvent rien faire", dit un brin fataliste la Polynésienne.

Alors, elle chante…Avec son amie originaire du Kazakstan, Kawehi se rend ce soir-là au karaoke. Ou plutôt dans ces chambres à chansons typiquement coréennes, vivre sa passion pour la K-pop.

Au karaoke avec son amie originaire du Kazakstan.