L'hôpital de Taaone va mal, il souffre d'un manque d'effectif chronique

L'hôpital de Taaone, comme ceux de Métropole, manque de personnel qualifié.
Rien ne va plus au sein de l'hôpital de Taaone. La prise en charge des patients ne faiblit pas et l'établissement enregistre une saturation des services sans précédent. Des services essentiels à son fonctionnement comme le bloc opératoire obligé de fermer des salles faute de personnel spécialisé, ou le service d'oncologie. La direction annonce des recrutements à la mi-janvier, le syndicat dénonce de son côté une politique de santé inadaptée.

En septembre dernier, déjà, huit postes d’infirmiers étaient à pourvoir au bloc opératoire de l’hôpital de Pirae. "Notre priorité est d'avoir un personnel qualifié, et qui reste le plus longtemps en Polynésie", déplore Poerava Hiriga, infirmière du bloc opératoire. 

Aujourd’hui, 20% de l’effectif du bloc opératoire fait défaut, seules 5 salles d’opération sur les 8 sont opérationnelles. Des taux d'occupation record sont enregistrés dans les services : 117% en pneumologie, 180% en oncologie, 106% en cardiologie…

Aujourd'hui, 20% du personnel du bloc opératoire manque à l'appel.

Résultat : un fonctionnement dégradé, et un manque d’anticipation dans les recrutements dénoncé par les syndicats. La direction espère un retour à la normale à la mi-janvier. "Nous avons des perspectives de recrutement échelonnées d'aujourd'hui jusqu'à mi-janvier pour ouvrir 8 salles, nous espérons et nous faisons le maximum pour recruter au niveau national, territorial et régional. Nous mettons tout en oeuvre pour essayer de recruter tout le plus rapidement possible afin de ne pas attendre cette échéance de mi-janvier. Aujourd'hui le principal souci est de recruter le personnel du bloc opératoire", précise Claude Panero, directrice de l'hôpital de Taaone.

Hausse des arrêts maladie et des démissions

Le statut de la fonction publique territoriale datant de 1995 est loin d’attirer les personnels soignants. Avec un temps de travail de 60 heures hebdomadaires en moyenne, les arrêts maladie sont en hausse de 37% et les démissions s’accélèrent. Un défi à relever pour l’hôpital. "De façon factuelle, la Métropole a fait bouger ces limites en matière de statut, en l'occurrence en post-covid il y a les fameux accords de Ségur qui ont écarté finalement le statut métropolitain du statut polynésien. Donc on est peu attractifs, la rareté rend encore plus forte la concurrence, certaines boîtes d'intérim proposent des salaires élevés, donc on est incapable de suivre", admet le Dr Philippe Dupire, président de la commission médicale d'établissement.

En Polynésie, il n'y a que 2 lits pour 1000 habitants.

Côté syndicat, on estime que le problème se posait bien avant le covid. Avec seulement 2 lits pour 1000 habitants en Polynésie, le taux d’occupation de plus de 90% ne date pas d’hier, conséquence d’une politique de santé inadaptée aux besoins. "Actuellement le budget est complètement déconnecté de l'activité de l'hôpital, on est sur du budget global qui évolue avec un taux directeur largement insuffisant. Il faut compter l'activité de l'hôpital, comme cela se fait dans tous les hôpitaux des pays modernes, et adapter le budget par rapport à l'activité de l'hôpital", détaille Marc Lévy, président du syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française.

Le dernier protocole d’accord du syndicat des médecins de l’hôpital signé en 2017ne serait toujours pas appliqué aujourd’hui.