L'hôpital du Taaone réclame 21 millions Fcp à un SDF

Le trésor public réclame plus de 21 millions Fcp à un SDF hospitalisé dans l'unité psychiatrique.
L’hôpital du Taaone réclame le paiement d’une facture de soins à un sans-abri et elle est très salée : plus de 21 millions Fcp. Si le SDF ne pourra pas s'acquitter d'une telle somme, cela soulève toutefois la question du suivi de ces personnes malades et à la rue.

C’est inédit. Un sans-abri doit s’acquitter d’une facture de soins de 21,6 millions Fcp. Au centre Te Vaiete, géré par Père Christophe et qui accueille les sans domicile de Papeete, l’incompréhension est totale.

Interné au service psychiatrique de l’hôpital en 2015 pour des troubles mentaux, le trentenaire y est soigné durant trois mois. Seulement voilà, il n’est pas déclaré à la CPS au moment des faits. « Il n'a rien, résume Père Christophe. Aujourd’hui, il est toujours dans la rue, il délire et n'est pas suivi en psychiatrie, donc c’est sûr qu’il n’est absolument pas solvable. [...] Il y a une certaine incohérence d’hospitaliser quelqu’un, de dépenser 21 milions Fcp en trois mois pour le loger, le nourrir et lui donner des cachets. Il y a un problème de communication, de suivi et surtout de coordination.»

Pour le centre hospitalier, la lettre envoyée par huissier de justice s’est perdue dans les méandres de l’administration et est ressurgie presque une dizaine d’années après. « Malheureusement cette personne n’était pas déclarée à la CPS, ce qui a engendré une facture, déplore Samy Djedid, chef du service de l’accueil des patients et de la facturation. Cette facture est prise en charge par le trésor public. Le trésor public met une procédure de recouvrement. Concernant notre patient atypique, cela engendrera une annulation de la dette, dès que le trésor public nous en donnera l’ordre."

Si la dette de ce SDF sera annulée prochainement, la CPS ne reste pas moins vigilante. Elle mise désormais sur une coordination renforcée avec le service social de l’hôpital et les associations de terrain, "pour faire en sorte que ces personnes soient affiliées, on tient des permanences quotidiennes, où les assistantes sociales regardent s'ils sont à jour de leurs droits", explique Chloé Nallet, cheffe de service adjointe au sein du service prestation famille de la CPS.

Pour autant, selon Père Christophe, une trentaine de personnes insolvables, dont la rue est le seul toit, sont actuellement redevables de frais médicaux.