Parmi les mesures prises par le Pays dans le cadre de sa réforme fiscale, l'assemblée a voté, le 23 décembre dernier, la suppression de la taxe à l'export sur le mono'i. Pour le Pays, il s'agissait de renforcer la compétitivité des exportations polynésiennes, mais pour l'association Mono'i de Tahiti c'est encore une décision inappropriée et nuisible pour la filière, prise sans concertation. Écoutez Olivier Touboul, trésorier de l'association Mono'i de Tahiti.
La pilule est amère pour les professionnels du secteur. La taxe à l’export permettait de récolter environ 35 millions de Fcfp par an, assez pour promouvoir mais aussi protéger cette appellation d’origine contrôlée. « Cette taxe servait au groupement de faire la promotion du mono'i d'appellation d'origine de Tahiti dans le monde entier. C'est-à-dire participer à des salons, des études de recherches scientifiques sur le mono'i, sur le tiare, et surtout aussi contrer toutes les imitations", explique Philippe Maunier, fondateur de Heiva Cosmétiques.
Seuls les producteurs de mono’i en vrac, reconditionné à l’étranger, étaient taxés à l’export. Pour cette entreprise qui exporte, elle, un produit fini, c’était une manière de valoriser sa production 100 % locale. "On fabrique et on conditionne tous nos produits en Polynésie. Donc, nous essayons vraiment de faire de la valeur rajoutée locale et nous participons à 100% à l'économie polynésienne. Le fait d'enlever cette taxe, on se retrouve très désavantagé par rapport à la concurrence", souligne Daniel Langy, gérant de Tiki Parfumerie.
Pour le Groupement interprofessionnel devenu association mono’i de Tahiti, c’est une nouvelle décision unilatérale du pays voire une tentative de déstabilisation de la filière. Or, pour le ministre de l’Économie, il s’agit seulement de simplifier et moderniser la fiscalité, et de rendre le prix plus compétitif à l’exportation. "Aujourd’hui, nous récoltons 35 millions de cette taxe à l'exportation et nous subventionnons l'activité à hauteur de 40 millions. Donc, l'idée était de dire : donnons les 40 millions, supprimons la taxe rendant plus compétitif le produit sans mettre en péril l’exportation. Ce n'est pas ce qu'ils souhaitent, moi, ça me pose aucun souci, on n'est pas fermé », argumente Yvonnick Raffin.
Le Pays confirme donc son intention de continuer d’accompagner ce secteur. De leur côté, les cinq entreprises concernées ont décidé de remplacer la taxe à l’export par une contribution volontaire, une sorte d’auto-taxe pour éviter de dérégler le marché.