La colère des tavana après l’amendement des trois députés sur le transfert des compétences

Tematai Legayic à l'Assemblée Nationale.
Le 10 mai dernier à l'Assemblée Nationale, en plein examen du projet de loi sur le dégel corps électoral de Nouvelle-Calédonie, les trois députés Tematai Legayic, Steve Chailloux et Mereana Arbelot ont déposé un amendement susceptible de modifier le statut de la Polynésie. Selon le texte, toutes les compétences de l’État sur les communes seraient transférées au Pays "de façon définitive." Problème : les communes et leurs élus n’ont jamais été consultés sur cet amendement.

La tentative d’amendement des trois députés polynésiens passe mal au sein du Tapura Huiraatira. Le texte autorisait le placement des communes polynésiennes sous tutelle du Pays, d’où l’interrogation des maires : en cas de transfert de compétences, le financement suivra-t-il ? "On s'interroge. Est-ce que c'est pour apporter des amendements, pour qu'on dise que le député Tematai bouge beaucoup ? Avant de porter des amendements du Pays, la première chose à faire est de se concerter auprès du gouvernement, auprès de sa majorité et surtout auprès des tavana, lorsqu'il s'agit de transfert de compétences au Pays", fustige Teura Iriti, la maire d'Arue.

Les maires outrés

Selon l’amendement, le transfert serait une demande des communes et de leurs élus. Les maires des îles sont étonnés : ils affirment n’avoir jamais été concertés sur le dossier. "Ils devaient concerter le syndicat de la promotion des communes, les tavana, c'est la moindre des choses" pointe Thomas Moutame, maire de Taputapuatea.

Même discours du côté du maire de Nuku Hiva, Benoit Kautai : "Ils n'ont même pas pris la peine de nous consulter sur cet amendement. Et je suis contre cet amendement. Déjà qu'on a du mal à avoir des financements du Pays pour développer nos communes, donc bien sûrs qu'on est inquiets. Je me rappelle de leur slogan, "fa'atura", "fa'atupu"...où est leur fa'atura dans tout ça ?"

L’amendement, retiré depuis, prévoyait également une citoyenneté polynésienne limitant la composition du corps électoral, l’élection du président de la Polynésie française au suffrage universel direct, et octroyait à l’assemblée de la Polynésie française la liberté de décider des modalités d’un référendum d’autodétermination.

Contacté, le député Tematai Legayic n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.