La presse écrite mise à rude épreuve face au numérique...et à l'image

Les journaux papiers doivent s'adapter au numérique.
En Polynésie, il ne reste que Tahiti Infos comme quotidien. La version de La Dépêche de Tahiti a disparu en 2022. Plusieurs magazines mensuels ou annuels subsistent, tels que Fenua Orama, Hine, Le Dixit ou encore Pacific Pirates Média. Mais la concurrence est rude face au digital...

Bertrand Prévost est journaliste de presse écrite depuis 25 ans. Il faisait partie des anciens de la Dépêche de Tahiti, quotidien emblématique du Pays, dont la version papier a aujourd’hui disparu. Depuis, la carrière de Bertrand a pris un autre tournant...celui qui l’a mené vers Tahiti Infos, seul quotidien encore vivant. Un média qui s’est transformé. Aujourd’hui, il en est le rédacteur en chef. 

La presse écrite s'adapte forcément à la digitalisation dans sa réactivité. On rédige nos articles au lieu de les conserver au chaud pour le lendemain ; on le met plus vite sur le net pour les lecteurs.

Bertrand Prévost -

Rédacteur en chef de Tahiti Infos


La presse écrite, sur papier, ou sur internet, ne rapporte pas d’argent en Polynésie. Mais en termes de bénéfices sur l’image, la famille Moux et son patriarche, Albert, ont bien compris qu’investir dans un groupe de presse peut être bon, pour les affaires. 
 

Quand on lui a proposé le rachat de Tahiti Infos, il a été tout de suite attiré, cela a été comme un "amour". Il a voulu posséder un groupe de presse parce qu'il sait que c'est important.

Sarah Moux -

Gérante de Fenua Communication


Bien avant notre époque, la presse était incarnée par les Nouvelles de Tahiti et la Dépêche de Tahiti...des titres détenus par le groupe Hersant, puis revendu à l’homme d’affaires Dominique Auroy. Les Nouvelles ont disparu en 2016. La Dépêche de Tahiti en 2022.

De cette époque, il ne reste que les anciens journalistes, comme Dominique Schmidt, qui a connu les Nouvelles de Tahiti et Tahiti Pacifique. L’indépendance des journalistes, il y tient…et pour défendre cette cause, héritée de son mentor Alex Du Prel, fondateur du magazine d’investigation Tahiti Pacifique, il a créé une plateforme d’information digitale, financée par près de 300 abonnés et la publicité. Autant dire que le média survit.

Ce n'est pas évident mais on y croit, en tout cas ce sont vraiment ces valeurs que l'on veut défendre. Et le jour on n'aura plus assez d'abonnés, ça s'arrêtera. On aura mis notre petite pierre à l'édifice et on croise les doigts pour que ça dure le plus longtemps possible. 

Dominique Schmitt -

Fondateur de Pacific Pirates Média

Dominique Morvan s’est écartée de l’actualité chaude et ses impératifs il y a près de trois décennies. Par contre, l’amour du papier glacé ne l’a jamais quitté. Elle a d'ailleurs fondé plusieurs guides. Enseignante en journalisme, elle s’est faite sa propre opinion au fil de ses années d'expérience. C’est vrai, les rédacteurs en presse écrite sont en voie de disparition. 

Presque tous mes anciens étudiants qui sont journalistes se sont plutôt tournés vers l'image. Donc télé, radio...mais l'image est très importante. De la presse papier, de l'écrit pur, c'est vrai que cela attire beaucoup moins les jeunes aujourd'hui...

Dominique Morvan -

Fondatrice et gérante de Créaprint


Le papier, comme partout dans le monde a perdu du terrain. En Polynésie, son existence ne tient qu’à un investisseur. Pour des impressions quotidiennes, il faut du financement et c’est ce qu’il manque, actuellement, pour enrichir le paysage médiatique local. 

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