Un serpent de mer, mais une première historique, initiée par le gouvernement Brotherson. L’idée d’une cotisation des ministres au régime de retraite occupe depuis longtemps les esprits. L’exécutif choisit aujourd’hui de l’appliquer. La cotisation s’élèvera à environ 3% de leurs indemnités. "C'était un programme gouvernemental prévu, on l'applique, résume Cédric Mercadal, le ministre de la santé, en charge de la protection sociale généralisée. L'arrêté qui a été pris en conseil des ministres nous fait cotiser de manière obligatoire. [...] Ces 3% représentent environ 20 000 francs pacifique par personne, c'est déjà ça. Quand on veut modifier les règles, il faut commencer par se les appliquer à soi-même."
Dans la rue, on se dit favorable à la mesure, mais lucide sur l’aspect symbolique du geste : "c'est très bien, c'est une marque de solidarité," reconnaît un passant. "C'est un fond politique, mais qu'est-ce que ça peut rapporter, leurs cotisations ?" s'interroge un autre.
Côté CPS, c’est la méfiance. Quant aux intentions on s’en réfère au droit commun. "Un Smicard doit cotiser pendant 25 ans pour avoir sa petite retraite à 85 000 francs pacifique, rappelle Patrick Galenon, président du conseil d'administration de la CPS. Maintenant, s'ils cotisent comme le droit commun, il n'y a pas de souci. [...] Je ne le sais pas encore, mais j'espère qu'ils ne vont pas demander la gratuité des années antérieures."
Actuellement représentants et ministres souscrivent à des régimes de retraite privés. Seuls les ministres acceptent aujourd’hui cette deuxième cotisation.
Quid des futurs gouvernements ? "Je les vois mal revenir sur une décision telle que celle-ci, prédit le président Moetai Brotherson. Ce serait envoyer un très mauvais message. Ce serait, comme on s'en souvient pour l'obligation vaccinale, de mauvais souvenirs pour la population, de dire 'on vote des lois, mais elles s'appliquent à vous, pas à nous'."
A partir du 1er juin, le régime de retraite comptera donc onze adhérents supplémentaires. Une goutte d’eau dans l’océan d’une Protection Sociale Généralisée au bord du gouffre.