Le tahinu, remède local et efficace contre la ciguatera

Le tahinu ou faux tabac recèle une molécule efficace pour empêcher la toxine de se fixer dans notre organisme.
Après l'intoxication de 3 touristes et 2 habitants de l'île de Raivavae à la ciguatera, focus sur cette toxine présente dans les poissons locaux. 213 cas ont été recensés l’année dernière mais les scientifiques estiment qu’il y en aurait 5 à 10 fois plus. Les études se poursuivent et des remèdes locaux ont déjà fait leur preuve.

Voilà une assidue de la pêche à Tubuai qui a peut-être trouvé l’astuce pour éviter une intoxication et reconnaître si un poisson est porteur de ciguatera. "Si les mouches et les fourmis vont dessus, y'a pas de ciguatera. Mais s'il n'y en a pas, il y a la ciguatera !", explique Emma Tanepau, qui pêche à Tubuai.

Emma Tanepau a sa technique pour repérer si un poisson est toxique.

Vomissements, diarrhées, ou démangeaisons, les symptômes de la ciguatera sont variables d’une personne à l’autre. "C'est en mangeant du hapuu (loche marbrée), les symptômes sont apparus moins de 5 minutes à table : des douleurs dans les gencives, des bouffées de chaleur, la fatigue et aussi des douleurs dans les articulations", raconte Noéline, une habitante de Tubuai.

A l'institut Malardé, 50 ans d’études et des découvertes, comme la micro-algue, Gambierdiscus, productrice de neurotoxines très violentes, qui s’accumulent dans les organismes. La gratte comme on l’appelle, s’attrape en mangeant des poissons de lagon ayant ingéré ces algues.

La micro-algue Gambierdiscus, productrice de neurotoxines très violentes, qui s’accumulent dans les organismes.

En l’absence de médication classique, la médecine traditionnelle se révèle efficace grâce à une plante locale. "[Avec] le faux tabac, le tahinu, qui pousse partout aux Tuamotu, on a des données de laboratoire qui indiquent que cette plante possède une molécule capable d'empêcher la toxine de se fixer dans notre organisme. Je l'appelle un vrai remède puisqu'elle ne soigne pas que des symptômes, elle va aider l'organisme à se débarrasser des toxines", détaille Mireille Chinain, responsable du laboratoire des biotoxines marines à l'institut Louis Malardé.

Toxine très resistante

Un remède largement connu des habitants des îles qui repèrent vite les zones infestées. "On a des renseignements avec des habitants de chaque atoll pour savoir quelle espèce est toxique ou pas. Et c'est en fonction de ça que je faisais le prélèvement", précise Mote Tchou Fouc, pêcheur spécialiste des poissons de lagon.

En règle générale, mieux vaudra éviter de manger le foie et les viscères des poissons où la toxine est présente. Une toxine particulièrement résistante à la cuisson et même à la congélation.

Le reportage de Caroline Farhi :

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