Législatives 2024 : succès surprise de la gauche, forte participation et démission de Gabriel Attal... Ce qu'il faut retenir du second tour

Dans un bar de Marseille, lorsque les résultats des élections sont tombés le 07 juillet 2024.
L'alliance de gauche du Nouveau Front populaire est sortie en tête du deuxième tour des élections législatives dimanche 7 juillet, devant les macronistes et le Rassemblement national dont la progression est largement endiguée, sans qu'aucune majorité ne se dégage pour former un gouvernement. Gabriel Attal, Premier ministre, a annoncé qu'il remettrait lundi sa démission au président de la République.

Alors que l'union autonomiste Amui Tatou a permis à deux candidats sur trois d'être élus en Polynésie, au niveau national, le "front républicain" bâti entre les deux tours de ce scrutin pour limiter la vague RN qui devait déferler dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, semble aussi avoir porté ses fruits.

Avec 177 à 198 députés selon les premières estimations des instituts Ifop et Ipsos, le Nouveau front populaire sera la première force politique au Palais Bourbon, en progression par rapport aux 151 élus de 2022 sous la bannière de la Nupes.

Notre peuple a clairement écarté la solution du pire !

Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise

"Le Premier ministre (Gabriel Attal) doit s'en aller" et le NFP doit "gouverner", a-t-il ajouté, alors que se réunissaient place de la République des milliers de personnes pour célébrer ce succès de la gauche.

Gabriel Attal remettra lundi sa démission

Autre surprise majeure : la résilience du camp macroniste, crédité de 152 à 169 députés. C'est certes 80 à 100 sièges de moins qu'il y a deux ans. Mais le pari de la dissolution lancé par Emmanuel Macron au soir d'une lourde défaite aux européennes (14,6%), aurait pu se solder par une déroute bien plus importante. "Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être conduite par les extrêmes", s'est réjoui Gabriel Attal, qui a toutefois annoncé qu'il remettrait lundi matin sa démission à Emmanuel Macron. Néanmoins, il se dit prêt à assumer ses "fonctions aussi longtemps que le devoir l'exigera", notamment à l'approche des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août).

Notre pays connaît une situation politique sans précédent et se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines. Aussi, j'assumerai bien évidemment mes fonctions aussi longtemps que le devoir l'exigera.

Gabriel Attal, Premier ministre

Jordan Bardella dénonce une "alliance du déshonneur"

Au RN, c'est la déception, symbolisée par la défaite parmi d'autres de Marie-Caroline Le Pen, soeur de Marine, dans la Sarthe. Certes, le parti engrange de nouveaux élus, avec 135 à 145 députés, contre 89 en juin 2022, soit "la percée la plus importante de toute son histoire", a revendiqué Jordan Bardella. Mais il voit s'évaporer le rêve de hisser son jeune patron de 28 ans à Matignon, porté par une majorité absolue qui lui semblait atteignable au soir du premier tour. Une victoire attendue qui devait ouvrir la voie à la conquête du pouvoir pour Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027.

L'alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux passés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec les formations d'extrême gauche privent ce soir les Français d'une politique de redressement.

Jordan Bardella, Rassemblement national

Avec une alliance hétérogène allant de LFI au mouvement de Raphaël Glucksmann Place publique, avec notamment le retour à l'Assemblée de l'ancien président François Hollande, ou encore la réélection de François Ruffin en rupture avec Jean-Luc Mélenchon, beaucoup de questions restent en suspens sur les rapports de force et les profondes divergences à gauche.

Flou aussi pour la Polynésie

La tripartition jette en effet la France dans le brouillard, au terme d'un scrutin qui a fortement mobilisé les électeurs avec une participation estimée à 67%, la plus forte depuis 1997. Car faute d'atteindre la barre de 289 députés, ou même de s'en approcher, aucun bloc ne semble en mesure de composer seul un gouvernement. En attendant les intenses tractations à venir, plusieurs scénarios, tous inédits sous la Ve République, se dessinent, jusqu'à la constitution hypothétique d'un gouvernement technique.

Dans des conditions si floues, Emmanuel Macron va attendre de connaître la "structuration" de la nouvelle Assemblée à l'issue des élections législatives afin de déterminer qui il va appeler à former un gouvernement, a annoncé dimanche soir l'Elysée. Le chef de l'Etat sort affaibli de cette séquence d'un mois, malgré le résultat honorable de son camp, avec notamment la réélection de Gérald Darmanin et d'Elisabeth Borne. "Le bloc central est bien vivant", souligne l'entourage du chef de l'État, incitant cependant à la "prudence", dimanche soir.

Attendu mercredi au sommet de l'Otan, le chef de l'Etat devra en tous cas s'employer à rassurer les partenaires et les milieux financiers sur la stabilité de la France.

La semaine qui se profile va aussi produire son lot d'âpres négociations pour les postes-clés à l'Assemblée, avant l'ouverture le 18 juillet de la 17e législature de la Ve République qui débutera par l'élection à la présidence, puis la constitution des groupes politiques.

Quant à nos députés Polynésiens, Mereana Reid-Arbelot a annoncé qu'elle continuerait de siéger au côté de la gauche tandis que Nicole Sanquer a confirmé qu'elle ne siégerait pas dans les extrêmes.