Changement d’ordre du jour à la surprise générale : la modification du règlement intérieur de l’Assemblée passe en priorité, permettant ainsi la création d’une commission spéciale sur la décolonisation. Elle sera chargée du suivi de la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU, d’étudier et harmoniser les textes internationaux sur la décolonisation. Elle sera ouverte au CESEC et aux confessions religieuses.
L’opposition, invitée, refuse d’y siéger. « Les élections territoriales ne sont pas un referendum » a rappelé Tepuaraurii Teriitahi, du Tapura Huiraatira. « 81 000 personnes n’ont pas voté pour le Tavini. » A Here ia Porinetia refuse de participer à ce qu’elle qualifie de « commission dont elle ne partage pas l’ADN » et pose la question de l’usage des fonds publics pour une commission « partisane ».
Après une minute de silence en hommage au dernier combattant du Pacifique Ari Wong Kim et à l’ancien ministre Toni Hiro décédés tous les deux récemment, le ministre de l’économie, Tevaiti Pomare, détaille les orientations budgétaires pendant plus d’une heure 30, secteur par secteur.
Réforme de la fiscalité
D’abord une réforme de la fiscalité davantage axée sur les hauts revenus et les hauts patrimoines avec la taxation des propriétés bâties d’une valeur supérieure ou égale à 50 millions de Fcp. Le projet budgétaire prévoit de s’attaquer aux taxes indirectes pour alléger les importations et ne pas impacter les prix à la consommation. « L’objectif est une stabilisation, voire une diminution de la pression fiscale d’ici à la fin de mandature », détaille Tevaiti Pomare, ministre de l'Économie.
Le projet budgétaire prévoit également une réforme des mesures d’aide à l’emploi avec un soutien particulier aux très petites entreprises ou encore le maintien des grands chantiers de la commande publique dans les volumes habituels, soit environ 30 milliards Fcfp par an.
Le ministre de l’économie promet la création de 3 000 emplois en 2024.
Mais aussi :
- la baisse des coûts de fonctionnement de l’administration,
- l’aide et le soutien à la concurrence,
- un plan de développement économique et social sur 2023-2033,
- soutenir le fret maritime,
- favoriser la concurrence des transports inter-îles,
- créer un observatoire des marges,
- rénover et construire des établissements scolaires et des internats,
- la création de 10 postes d’AEESH par an,
- la discussion de la réforme des rythmes scolaires en mars 2024 pour une application à la rentrée 2024,
- un nouveau schéma directeur du transport aérien domestique,
- la mise en sécurité des équipements portuaires et aéroportuaires,
- favoriser les transports en commun,
- élargir les voies de circulation à Mahina,
- créer une voie rapide entre Punaauia et Paea,
- installer des Fare Ora dans les communes chargés de la prévention et de l’accompagnement dans les démarches administratives,
- élargir la couverture numérique,
- créer un centre de certification polynésien des savoir-faire locaux,
- renforcer la prévention contre les addictions et la délinquance,
- soutenir le e-sport et le handisport.
« On est rassurés : on se rend compte qu'il y a des actions beaucoup plus concrètes que celles livrées en commission, mais on n'a pas le budget. On ne sait pas combien cela va coûter ni où on va trouver l'argent. Là, on est dans de l'orientation stratégique plus que l'orientation budgétaire... » commente Tepuaraurii Teriitahi.
En matière d’aquaculture, le gouvernement projette de :
- doubler le volume de production des crevettes locales d’ici 2026,
- soutenir la filière rori
- mener un projet aquacole « adapté » à Hao après l’échec du projet chinois.
Le gouvernement envisage aussi de réhabiliter la maison de la Reine Marau, grâce à son nouveau propriétaire, « un enfant du Pays », précise Tevaiti Pomare.
Le poids de la dette est passé de 12 à 17 milliards en raison des taux, le ministre de l’économie espère donc recourir le moins possible à de nouveau emprunts.
« On est là pour écouter et entendre la voix de la minorité et s'ils ont des propositions constructives à faire » expose le président du Pays.
Le gouvernement Brotherson pose ici les prémices de son premier budget primitif. Reste maintenant à présenter tous les chiffres face à chaque projet.