Les touristes asiatiques ont totalement disparu

Touriste asiatique
Deux ans que les lignes aériennes avec l’Asie sont fermées. Ce marché était pourtant en plein essor et la Polynésie misait dessus. Ça, c’était avant le Covid-19. Aujourd’hui, le secteur doit composer sans ces quelques milliers de visiteurs au fort pouvoir d’achat.

Des perles exceptionnelles qui peinent à trouver preneur et des bijouteries désespérément vides…Dans cette bijouterie de Papeete, ce sautoir exceptionnel en perles blanches de Tahiti, vendu 9,5 millions Fcp, aurait séduit une clientèle chinoise, assure la directrice commerciale. Mais les touristes asiatiques, grands amateurs de luxe, ont totalement disparu depuis deux ans.

« Ils sont prêts à payer le prix fort, il n’y a pas de problème, se souvient Robert Wan. « L'empereur de la perle » qui envisage aujourd’hui de ralentir sa production indique que " la clientèle chinoise, c’est la meilleure clientèle chez nous. Ils cherchent la qualité, des grosses perles et de belles couleurs. Ils sont très connaisseurs en perles ».  

En 2018 selon l’Institut de la Statistique de Polynésie Française, le marché asiatique ne représentait que 6,6 % des visiteurs, contre 48,4 % pour l’Europe et 28,3 % pour les Etats-Unis. Mais la Polynésie a misé sur ces touristes fortunés et potentiellement nombreux.

La fermeture des frontières chinoises et l’arrêt des vols entre Tahiti et le Japon ont définitivement asséché le marché, déjà en recul à partir de 2019, avant le Covid-19. « Cette baisse a beaucoup impacté les structures touristiques, déplore Brenda Liao. Selon la responsable vente et marketing Asie dans une agence de voyages " les agences de voyages, les hôteliers, les prestataires de services, les chauffeurs de bus ont été affectés, soit en restructuration, soit en perte d’emploi. »  

Pas de retours avant juillet 2022

Sans ligne directe avec le cœur de l’Asie, Air Tahiti Nui organisait un à deux vols charters avec la Chine chaque année, sans compter les deux rotations hebdomadaires avec le Japon. Aujourd’hui, ces destinations restent en attente de réouverture, pas prévue avant juillet 2022 et régulièrement repoussée.

« Pour l’industrie touristique, l’Asie est un marché qui représentait quand même un chiffre d’affaires de 6 milliards Fcp par an, avec une dominante Japon et la Chine qui commençait à démarrer, explique Michel Monvoisin, Pdg d’Air Tahiti Nui. Aujourd’hui, ces destinations ne sont pas fermées que pour Air Tahiti Nui, elles sont fermées pour l’ensemble des pays. Les compagnies aériennes ont donc des moyens qu’elles mettent sur des destinations ouvertes. La Polynésie prend sa part, puisque United Airlines passe de 2 à 5 rotations. Aujourd’hui, on stimule les marchés nord-américain et français. Se posera après une question de stratégie : est-ce qu’on met tous nos œufs dans le même panier ? Pour le moment, la question ne se pose pas. On a mis tous nos œufs dans le même panier, forcés et contraints, puisque ces destinations sont fermées. »  

En moyenne, 5 000 touristes asiatiques visitaient la Polynésie chaque année, friands de bungalows sur l’eau et de perles noires.