Les Ukrainiens de Polynésie, loin des yeux mais toujours proches des leurs

Maxime est russe, Elena russo-ukrainienne. Cette guerre les a brisés. Comme des millions de gens.
Cela fait maintenant 11 mois que le conflit perdure en Ukraine. Depuis le 24 février 2022, des Russes ou des Ukrainiens installés en Polynésie scrutent chaque opération, même à plus de 18 000 kilomètres du conflit. Et tous les matins, ils et elles ont la même angoisse de ne pas réussir à joindre les leurs, restés en terrain de guerre.

Tymofii est Ukrainien, il a trouvé l’amour en Polynésie il y a 5 ans avec Iris, une Polynésienne. Depuis le début de la guerre en Ukraine, c’est uniquement par téléphone qu’il communique avec sa mère à Tcherkassy où les bombardements continuent.
Car sur place, les Ukrainiens résistent. "Ils passent plusieurs heures par jour sans électricité, à cause des bombardements. Vous voyez cette nuit comme il y avait des orages, c'est à peu près pareil mais pas à cause des éclairs. Parfois ce sont des entraînements, des fois c'est la défense anti aérienne qui intercepte des missiles", précise Tymofii Glukhov, un Ukrainien installé à Tahiti.

Tymofii est toujours en contact avec sa mère restée en Ukraine.

Timofii a obtenu la nationalité française il y a seulement 1 mois. 
A défaut de pourvoir faire venir sa famille, sa mère et son petit frère devraient avoir la chance de voir leur futur enfant. "J'ai hâte, ça va être une rencontre, avec moi, avec bébé...on va pouvoir communiquer autrement, par la cuisine, la pâtisserie...", s'enthousiasme Iris Joussin, la femme de Timofii.

A Tahiti, ils sont aussi une vingtaine de Russes comme Maxime. Ou Russo-Ukrainiens comme Elena.  Depuis le début du conflit, ils se retrouvent entre amis…et préfèrent taire les propos qui fâchent. En Polynésie depuis 7 ans, elle souhaite la paix pour les 2 pays qui ne faisaient qu'un auparavant. "De loin, je ne peux pas influencer les événements d'ampleur mondiale. Mais je peux agir chez moi. Ce que je peux faire c'est apporter la sérénité à la maison, pour mes proches qui sont loin, du positif", reconnaît la jeune femme. 

Iris et son fiancé Tymofii, un Ukrainien installé ici depuis 5 ans.

"La guerre a été un énorme choc pour chacun d'entre nous. Personnellement, ça m'a brisé. Cette guerre a brisé la vie de millions de personnes. Des gens qui avaient une carrière, une famille. Vous devez aussi comprendre que beaucoup de gens se meurent, c’est incroyable. Actuellement 180 000 morts rien qu’en Russie et autant chez les Ukrainiens", constate, dépité, Maxime.

La communauté russo-ukrainienne de Polynésie mesure la chance qu’elle a de vivre loin de ce conflit. Et continue de soutenir moralement ses proches chaque jour, tout en retenant ses larmes.