C'est le 1er octobre que la loi sur la protection de l'emploi local va s'appliquer. Des corps de métier sont désormais protégés par une loi de Pays. "Ces métiers sont ceux qui ces 3 ou 4 dernières années ont eu tendance à recruter plus à l'extérieur que localement. Et ce sont ces métiers qui sont visés et qui vont être protégés à partir du 1er octobre", expliquait la semaine dernière Virginie BRUANT, ministre du Travail. Et si aucun profil polynésien ne correspond à l’offre d’emploi, alors on cherche ailleurs.
Aujourd'hui, Olivier Kressmann, vice-président du Medef Polynésie, a apporté quelques précisions dans notre matinale radio. "Sur les 24 500 emplois créés [l'an dernier], seuls 8,5 % (2 000 emplois), seraient sujets à une protection ou promotion d'emploi local. L'analyse de ces 8,5 % a permis d'identifier 47 familles de métier, qui relèveraient de la loi".
"La vraie question n'est pas de protéger pour protéger, c'est protéger à partir du moment où on a de la compétence et l'expérience localement", a-t-il ajouté. En clair, pourquoi aller chercher ailleurs ce que l'on a sur place. Pour Olivier Kressmann, c'est une logique appliquée depuis longtemps ici.
"Trouvez-moi en Polynésie un employeur qui s'amuse à aller chercher des emplois, des compétences et d'expérience locales ailleurs ? Depuis longtemps ici, les employeurs veillent à promouvoir, d'abord parce ce que ça coûte beaucoup moins cher, des acteurs locaux qui sont présents...Pour preuve l'an dernier, 91.5% des 24 000 emplois créés étaient avec des gens de plus de 10 ans de résidence".
Une alternative ?
Florian Chabot, manager de SFII PF, une entreprise d'informatique confirme : "On n'a pas attendu que les lois sortent pour recruter des personnes localement. C'est dans l'ADN de l'entreprise".
La loi sur la protection de l'emploi local n'est pas une loi qui empêche l'embauche de quelqu'un sur un métier protégé. Elle invite à une préférence locale, à expérience et qualification équivalentes. Surtout, "elle va mettre en lumière la problématique de formation adéquate sur les besoins du Pays pour se développer", remarque ensuite le vice-président du Medef.
Le témoignage de Manutea Gay, président d'une association catholique, va dans ce sens : "nous avons 3 postes d'éducateur spécialisé qui sont vacants, tout simplement parce qu'il n'y a pas de personnes formées en Polynésie. Il faudra discuter avec les autorités pour trouver une situation alternative pendant un temps parce que former des éducateurs spécialisés ne se fait pas en 24 heures".
Si son association recrute ailleurs sans attendre que le Service de l'emploi ne lui délivre une attestation de carence l'autorisant à aller chercher hors de Polynésie, "il risque une amende 178 000 cfp s'il prend quelqu'un qui n'est pas dans les critères retenus", précise Olivier Kressmann.
"La loi ne doit pas être bloquante, je crois qu'elle va l'être s'il n'y a pas un amendement prévoyant de la formation", analyse Manutea Gay.