Mililani Ganivet veut comprendre notre histoire à travers les objets polynésiens du British Museum

Mililani Ganivet se donne 3 ans pour écrire sa thèse.
Les objets polynésiens collectés par les missionnaires et exposés aujourd’hui à travers le monde sont-ils une page d’histoire volée ou une page d’histoire préservée ? Mililani Ganivet commence une thèse sur ce sujet au British Museum de Londres. Elle achève un cycle de partage d’expérience au public qui rencontre un franc succès.

A 29 ans, Mililani Ganivet pose ses mains sur des objets chargés de 200 ans d’histoire et veut en percer tous leurs secrets. Sa thèse au British Museum de Londres est d’abord une affaire de passion qu’elle veut transmettre. 

Mililani Ganivet pose ses mains sur 200 ans d'histoire.


 Entre 1815 et 1830 la London Missionnary Society, les missionnaires anglais protestants, collectent des centaines d’objets à travers l’Océanie. "Contrairement à ce que l'on croit, ce ne sont pas seulement les missionnaires anglais qui ont collecté les objets, les Polynésiens ont joué un rôle important dans la collecte des objets, un rôle qu'on a tendance à oblitérer. Je pense notamment par exemple au rôle des pasteurs polynésiens qui avaient été envoyés à Aitutaki en 1821. D'un côté il fallait collecter les objets pour montrer en fait qu'il y avait une conversion qui avait été effective, c'est-à-dire qu'il y avait un succès de la conversion. Et en même temps, il ne fallait pas collecter les objets parce qu'il fallait les détruire comme preuve justement de la suppression de l'ancien culte et du succès de l'évangélisation à l'échelle locale", explique la jeune femme. 

Selon Mililani Ganivet, les missionnaires mais aussi les Polynésiens ont joué un rôle dans la collecte des objets.

"Il manque des pages de l'histoire, c'est certain." Toutefois, se pose aujourd'hui la question de la restitution de ces pièces à leur pays d'origine : "Entre maintenant et la restitution, il y a tout un monde et j'ai l'impression qu'on a tendance à négliger en fait les étapes intermédiaires alors que ce sont des étapes cruciales...C'est Flora Devatine qui l'a très bien souligné aussi, c'est que évidemment il y a le patrimoine qui est à l'extérieur mais déjà qu'est-ce qu'on fait nous, par rapport au patrimoine qu'on a ici ?", s'interroge Mililani Ganivet.

La statue du dieu A’a prêtée par le British Museum.

L’emblématique dieu A’a ou encore les  to’o, les objets sacrés de la famille Pomare…Au total, une centaine d’objets originaires de la région polynésienne (Polynésie française actuelle, Îles Cook et Hawaii) ont été collectés par les missionnaires anglais. Mililani travaille à mieux les documenter et à en préciser leur chronologie, pour une thèse qui doit durer 3 ans.

Le reportage de Lucile Guichet :

©polynesie