Patutiki Kakiu, le premier festival des Marquises à Paris

Rien de tel pour saleur le public.
C'est le 1er festival dédié à la culture et aux traditions marquisiennes à Paris. Fondé par Maikiu Sulpice, le fils d'un des plus célèbres promoteurs de la Polynésie française à travers le monde, Patutiki Kakiu a ouvert ses portes ce vendredi matin. Durant 3 jours, tatoueurs, danseurs, ethnologues et autres sculpteurs vont présenter au public métropolitain le meilleur de l'art marquisien au moment même de l'inscription de la candidature de cet archipel de Polynésie au Patrimoine mondial de l'Unesco. Tout un symbole !

Le tatouage, emblème de la culture marquisienne, ou patutiki au fenua enata, est à l'honneur du 1er festival dédié à la culture et aux traditions marquisiennes à Paris.

Patu, frapper, et tiki, figure. Seule entrave à la tradition, l'aiguille électrique a remplacé la technique du bâton. Les 20 meilleurs tatoueurs marquisiens, des tuhuna patutiki, s'appliquent ici à présenter le meilleur de leur art ancestral. "Dans tout tatouage, c'est très important que l'on se démarque, qu'on se présente aussi au niveau de notre culture. Là, je fais un peu des deux, tahitien, marquisien. C'est important de se faire connaître aussi", déclare Nico Hikutini, tatoueur marquisien à Avignon.

Le fameux patutiki marquisien.

"Le tatouage était interdit par les missionnaires de pratiquer sur le corps, mais les Marquisiens continuaient à sculpter sur les pierres ou le bois. Donc c'est ce qui a préservé cette authenticité", explique Théo Sulpice, artiste marquisien et co-fondateur du festival Patutiki Kakui.

Firmin Timau, sculpteur marquisien à Kekaanui Art à Puna'auia, a fait spécialement le déplacement à Paris pour exposer sa collection de colliers et pendentifs dans ce festival. Au quotidien, il sculpte les os de boeuf et le bois dans la plus pure tradition des îles Marquises. "Sur chaque gravure, il y a des symboles qui expriment la protection, la richesse, l'amour, la puissance, la force. Par exemple le tiki, aux Marquises, ça symbolise la protection", raconte Firmin. 

Firmin et ses gravures.

Mais la découverte pour la plupart des Métropolitains, ce sont des bouquets de fleurs supposées aphrodisiaques à base de basilic, de menthe, d'aneth, de fenouil et d'ananas trempées dans le curcuma. Une spécialité de Fatu Hiva qui à l'époque servait à attirer les garçons. "Ce bouquet, on l'appelle le umu hei, c'est un mélange de fleurs parfumées, que les Marquisiennes prennent pour les mettre dans les cheveux. C'est notre parfum de tous les jours", dit Carine Tevenino Teatiu de l'association Pua Keka'a à Fatu Hiva.

Les bouquets envoûtants des Marquisiennes.

Au-delà de l'art et des produits typiques, ce premier festival à Paris dédié aux îles Marquises est l'occasion pour tous ces créateurs de mieux faire connaître dans l'Hexagone la culture et les traditions des quelque 10 000 habitants de cet archipel le plus étendu de Polynésie, mais aussi sans doute le moins connu par les Français. "Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de voir des Marquisiens, surtout en France car on est éparpillé", remarque Lorenzo. "Le fait d'avoir déjà été imprégné, d'avoir envie de retrouver l'esprit, le mana que les Marquisiens emmènent avec eux sur un événement comme celui-là", ajoute Gilles, venu de Bretagne.

"Dans le futur, il y aura d'autres festivals que nous créerons, nous avons d'abord eu besoin d'un premier point de départ, pour lequel nous avons choisi le thème des Marquises. Le prochain thème portera sur le Pacifique", précise Maikiu Sulpice, tatoueur marquisien et créateur du festival Patutiki Kakiu.

Pas d'événement marquisien sans danse de l'oiseau.

En attendant, nulle fête en Polynésie et surtout aux Marquises ne peut se clore en chants et danses traditionnelles, comme celle de l'oiseau. La plus belle manière de célébrer la terre des hommes, te fenua enata, te henua enana, en langue marquisienne.

Le reportage d'Outremer la 1ère :

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