« Je suis heureuse parce que j’ai repris ma vie en main » : Au centre Pu o te hau, les mères de famille victimes de violence conjugale se reconstruisent

Au centre Pu o te hau, les femmes sont soutenues et accompagnées
Le 25 novembre marque la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. A Papeete, le centre Pu o te hau accueille les mères de famille qui ont décidé de quitter leur foyer avec leurs enfants pour qu’elles se reconstruisent et aspirent à un avenir plus radieux.

Des coups, des claques, des commentaires rabaissants, après 10 ans en couple, Sophie* a vu son compagnon devenir violent avec elle. « Je subissais des violences physiques et psychologiques lorsqu’il était alcoolisé. C’est même arrivé une fois devant les enfants. Il s’excusait à chaque fois quand il était sobre. Il ne se souvenait pas mais il reconnaissait ce qu’il avait fait. » témoigne la mère de 4 enfants. « Ça a duré quelques mois, au début, je ne réagissais pas et à un moment donné, il m’a reproché d’être une femme au foyer et de ne rien faire. » explique la femme d’une trentaine d’année.

Je ne pouvais pas me laisser faire et le laisser dire ça.

Sophie, victime de violences conjugales pendant plusieurs mois

Cette violence psychologique, elle ne l’a pas accepté. « Une mère au foyer, elle se lève tôt le matin, elle prépare les enfants pour l’école, elle a des tâches à faire, le soir elle a le dîner à faire, je ne pouvais pas me laisser faire et le laisser dire ça. » Alors, elle quitte le foyer avec ses enfants et trouve refuge au centre Pu o te hau. Elle décide aussi de porter plainte pour violence conjugale afin que son ancien compagnon prenne conscience de la gravité de ses actes. « Nous les femmes, on a besoin de se faire respecter. » affirme Sophie. Son ancien compagnon sera condamné à 2 ans de prison avec sursis et l’interdiction d’entrer en contact avec elle.

Un soutien pour les mères et leurs enfants

« Aujourd’hui, je ne regrette pas et je suis heureuse parce que j’ai repris ma vie en main. Ma priorité, c’est moi et mes enfants » explique la trentenaire. Comme elle, onze mères de famille résident au centre Pu o te hau, un foyer qui a déjà accueilli jusqu’à 45 personnes, mamans et enfants confondus. « Ça fait quatre mois que je suis là, je me sens bien. On est dans un endroit protégé, où l’on mange à notre faim. C’est bien pour mes enfants et moi. Les gens au centre sont là pour nos besoins. » explique une autre mère de famille. Au centre, les femmes trouvent du soutien, se forment à des métiers et font des demandes de logements OPH, jusqu’au jour où elles peuvent de nouveau fonctionner de manière autonome.

L’alcool est une des principales causes qui mènent à la violence conjugale. Mais la jalousie, la perte d’un emploi et le fait d’avoir soi-même vécu des violences peuvent aussi être à l’origine des comportements violents de la part des hommes. En 2022, la Polynésie française comptait 383 faits de violence conjugale par tranche de 100.000 habitants. A titre comparatif, la France en compte 217 pour 100.000 habitants, ce qui est presque deux fois moins.

*Les prénoms ont été modifiés