Paul Watson, considéré comme un pirate radical par certains pays comme le Japon, est toujours emprisonné au Groenland. L'issue de son procès le 15 août au tribunal de Nuuk n'a pas été favorable pour lui. Sa détention est prolongée jusqu'au 5 septembre.
C'est inacceptable que nous n'ayons pas été autorisés à documenter les séquences vidéo en notre possession durant l'audience. C'est également inacceptable qu'il n'y ait pas d'interprète présent pour Paul Watson et qu'il soit transporté et menotté comme un dangereux criminel. Nous faisons appel au ministère de la justice pour prendre rapidement la décision de libérer Paul Watson
Julie Stage, avocate de Paul WatsonAgence France Presse
L'homme de 74 ans a été arrêté le 21 juillet sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par le Japon en 2012. Il était recherché pour avoir causé des dommages et des blessures lors de deux incidents survenus dans l'océan Antarctique en 2010, à l'encontre d'un navire baleinier japonais.
Il est menacé d'extradition vers le Japon, sans que personne ne sache quand la décision sera prise. La présidente de l'association de protection des mers et océans Sea Shepherd France, créé par Paul Watson, redoute ce potentiel transfert.
Il n'y a pas de procès équitable possible au Japon. En 2010, les preuves de son innocence existaient et le procureur japonais n'a pas voulu en entendre parler (...). Si Paul Watson va en prison au Japon on sait qu'il n'en ressortira pas vivant. Il a 74 ans, il ne survivra pas au traitement de torture que lui préparent les Japonais.
Lamya Essemlali, présidente de l'association de protection des mers et océans Sea Shepherd FranceAgence France Presse
Lamya Essemlali veut également rappeler que le Japon a déjà été "condamné par la Cour européenne des droits de l'homme, et pointé du doigt par Amnesty International et Human Rights Watch pour le traitement inhumain et dégradant de ses prisonniers."
Arrêté pour vouloir sauver des baleines
Dans un échange écrit avec Le Parisien publié le 18 août, Paul Watson affirme qu'il va "bien" et dénonce la "dimension éminemment politique de cette affaire."
Le Japon veut ma peau, par pure vengeance, et malheureusement, le système judiciaire et certaines polices, ne font jusqu’ici que l’aider dans sa quête de vengeance. (...) J’espère que mon arrestation va avoir pour effet d’exposer la chasse baleinière illégale du Japon. Ce pays viole les lois internationales de protection des baleines depuis des années, dans une impunité totale.
Paul Watson, patron de Sea Shepherd et militant écologiste emprisonnéLe Parisien
L'activiste a reçu de nombreuses lettres d'encouragement, le soutien du président français Emmanuel Macron ainsi que de plusieurs médias. Des manifestations sont organisées dans toute la France et ailleurs dans le monde (Danemark, Irlande) pour demander sa libération. Une pétition a été lancée par la Fondation Paul Watson. Le hashtag #freepaulwatson a été repris des milliers de fois sur les réseaux sociaux.
Le président Moetai Brotherson, qui a visité le Japon à l'occasion du 10ème sommet des dirigeants des îles du Pacifique mi-juillet, a interpellé le gouvernement nippon dans un courrier, demandant "l'abandon des poursuites lancées contre le capitaine Paul Watson" pour "d'évidentes raisons humanitaires".
La position du Japon
Depuis des années, le Japon défend la chasse à la baleine en affirmant qu'elle constitue une question de "sécurité alimentaire" dans ce pays pauvre en ressources, qui importe de grandes quantités de viande animale.
En 2019, le Japon a quitté la Commission baleinière internationale (CBI) pour s'affranchir d'un moratoire mondial sur la chasse aux baleines. Il pêche ainsi de nouveau la baleine pour des raisons commerciales en se cantonnant à son propre espace maritime mais il est soupçonné de vouloir reprendre la chasse en haute mer dans l'océan Austral et le Pacifique Nord d'ici 2025. Paul Watson partait justement aux trousses du Kangei Maru, nouveau navire baleinier japonais, lorsqu'il a été arrêté à quai au Groenland.
Le Kangei Maru est un imposant navire de 100 mètres de long et près de 9 300 tonnes qui peut conditionner et stocker la viande de baleine à son bord. "Il a quitté mardi son port d’attache de Shimonoseki pour une campagne de plusieurs mois au large du nord-est du Japon" indique Ouest France le 21 mai. Dans cet article, le journal rappelle également que "la pêche à la baleine (...) fait partie intégrante de la culture japonaise, étant une tradition locale qui remonte au moins au XIIe siècle" et cite un propriétaire de magasin de viande de baleine, Kazuhiro Fujino, qui pense que "capturer des baleines est une bonne idée pour augmenter sa capacité d’autosuffisance en cas de pénurie alimentaire (...). Le chef d’entreprise espère voir ses ventes stimulées par l’augmentation des prises grâce au Kangei Maru."
Ce navire est critiqué par les défenseurs de l’environnement, notamment Paul Watson, qui s’opposent à la pêche de l'animal protégé. L'activiste est emprisonné depuis quatre semaines.