Plus les années passent et moins les Polynésiens votent lors de l'élection présidentielle. Au premier tour de 2017, le scrutin avait été marqué par une très forte abstention de 61.06 %, puisque seuls 79 421 électeurs sur 203 936 inscrits avaient voté. Au plan national, le taux d'abstention du 1er tour s'établissait alors à 22.33 %.
Lors du second tour, Emmanuel Macron avait obtenu en Polynésie 58.39 % des voix face à Marine Le Pen, 41.61 %. L'abstention avait légèrement reculé mais plus d'un électeur sur deux ne s'était pas rendu aux urnes (53.11%). Au plan national 25.44% des inscrits avaient boudé le scrutin qui avait vu Emmanuel Macron l'emporter avec 66.10% des voix contre 33.90% à Marine Le Pen.
Tendance
Est-ce que les Polynésiens iront voter samedi ? La tendance abstentionniste va-t-elle se confirmer ? Toutes les élections sont concernées, mais c'est encore plus vrai avec la présidentielle dont l'incidence est "peu immédiate" sur le quotidien des habitants d'ici. Sémir Al Wardi, professeur de sciences politiques à l’université de Polynésie explique ce phénomène :
"Plus on avance, plus le vote affectif recule. Il faut rappeler qu'il y a la loi législative en Polynésie, cela veut dire que les lois de la République ne sont pas applicables ici. Du coup, la campagne qui a lieu en métropole n'a pas d'incidence. Ensuite, il n'y a pas de clivage gauche/droite ici, on est entre autonomistes et indépendantistes. La vie politique locale a ses propres critères. Les partis politiques métropolitains n'ont pas d'antenne ici. Comme on est dans ce monde politique différent, il y a une méconnaissance de la vie politique métropolitaine et inversement. Mais plus on avance, plus les gens votent sur des critères classiques et non plus affectifs. On découvre que le taux d'abstention est devenu très important. À partir de 2012, on commence à descendre en taux de participation. Le pire qu'on ait connu, c'était en 2017. Soit l'offre politique ne paie plus donc le rapport affectif ne fonctionne plus, soit [ceux qui sont en mesure de voter] ne se sentent plus concernés."
Cette année douze candidats se présentent au suffrage des français : Nathalie Arthaud (LO), Fabien Roussel (PCF), Nicolas Dupont Aignan (Debout la France), Jean Lassalle (Résistons), Philippe Poutou (NPA), Anne Hidalgo (PS), Emmanuel Macron (LREM), Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête), Jean Luc Mélenchon (LFI), Yannick Jadot (EELV), Valérie Pécresse (LR), dont six sont représentés au Fenua.