Réchauffement climatique et El Niño à l'origine des récentes intempéries ?

Ce lundi, les fortes précipitations suivies d'inondations ont surpris tout le monde.
Fin décembre 2023 et février 2024, les pluies sont tombées en abondance en Polynésie. Dans le même temps, après une chaleur record en 2023, 2024 commence mal : jamais un mois de janvier n'avait été aussi chaud et pour la première fois, la planète a dépassé sur 12 mois consécutifs la barre de 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle.

Janvier est le 8e mois d'affilée pour lequel le record de chaleur mensuel est battu, souligne l'observatoire européen Copernicus.

Le mois a été marqué par une vague de chaleur en Amérique du Sud, qui a enregistré des températures record et des incendies ravageurs en Colombie et au Chili, avec des dizaines de morts dans la région de Valparaiso. Malgré quelques épisodes de froid et des précipitations parfois importantes sur certaines parties du globe, une douceur exceptionnelle a également été constatée en Espagne et dans le sud de la France ainsi que dans certaines parties des États-Unis, du Canada, de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie centrale.

Il y a quelques mois, avant la saison chaude en Polynésie, Victoire Laurent, prévisionniste à Météo France, déclarait dans le magazine "le curage des rivières à Tahiti" que le "phénomène El Niño va modifier le climat de la prochaine saison chaude. On regarde quel impact il aura sur l'activité cyclonique, ou sur les phénomènes de pluies".

 

2024, pire que 2023 ?


La surface des océans est elle aussi en surchauffe, avec un nouveau record en janvier de 20,97°C de température moyenne. Cette valeur s'inscrit au deuxième rang des plus chaudes tous mois confondus, à moins de 0,01°C du précédent record d'août 2023 (20,98°C).

Cette chaleur s'est poursuivie au-delà du 31 janvier, atteignant de nouveaux records absolus et dépassant les valeurs les plus élevées des 23 et 24 août 2023, souligne Copernicus. Et ce, alors que le phénomène climatique El Niño est en train de ralentir dans le Pacifique équatorial, ce qui devrait normalement contribuer à faire baisser un peu le mercure. L'année 2024 "commence avec un nouveau mois record", déplore Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus.

"Une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre est le seul moyen d'arrêter l'augmentation des températures mondiales"."Certains éléments du système climatique risquent davantage de passer des points de bascule", a commenté Tim Lenton, professeur de l'université d'East Anglia, citant en exemple la disparition en fumée d'une proportion "extraordinaire des forêts boréales canadiennes" et la sécheresse qui a même touché la zone septentrionale de l'Amazonie, "d'habitude la plus humide."

Record de chaleur 

Mi-janvier, l'Organisation météorologique mondiale et l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) ont déjà averti que 2024 pourrait bien battre le record de chaleur établi l'an dernier. Selon NOAA, il y a une chance sur trois que l'année 2024 soit plus chaude que 2023, et 99% de chances qu'elle se classe parmi les cinq années les plus chaudes de l'Histoire. Néanmoins, estime M. Rockström, il y aussi des chances que, à la fin de ce "troisième super événement El Niño" renforcé par l'activité humaine, les températures "retombent comme cela a été le cas en 2016 et 1998".