Sa gestion est à revoir : la Direction de l'Agriculture dans les choux

La Direction de l'agriculture est située à Pirae.
Le secteur primaire ne séduit plus. En 2024, il emploie 9 500 personnes soit 6 000 de moins qu’en 2012 selon le dernier recensement de l’ISPF. Une chute inquiétante de même que la production agricole, alors que la politique de l’autosuffisance alimentaire est dans l'air du temps. La Direction générale de l’agriculture est chargée d'appliquer la politique agricole du Pays. Mais en l’absence de stratégie technique pour la piloter, sa gestion est déplorable alors que le secteur primaire est lourdement subventionné grâce à nos impôts.

Nul besoin de pénétrer dans les locaux de la Direction générale de l’agriculture à Pirae pour lister les anomalies.

Il suffit de regarder les abords de la DAG à commencer par le parking flambant neuf, inutilisable pour l'instant. Un point souligné par le ministre de l'Agriculture qui précise que "le certificat de conformité n’a pas été délivré car il doit être sécurisé, en particulier par rapport à des chutes de pierres". 

En attendant, les 700 mètres carrés de ce parking ont coûté 260 millions cpf soit 371 000 le mètre carré !

Le parking de la DAG n'est pas encore utilisé car il n'est pas encore sécurisé. Son coût : 260 millions cfp.

Une somme puisée dans nos 6 milliards cfp annuels d'impôts (2,2 milliards en fonctionnement et 4 milliards en investissement) qui font tourner "la boutique" dans laquelle des professionnels du secteur effectueraient leur marché.

Une des anomalies "découvertes" par l'actuel ministre de l'Agriculture et qu'il aimerait voir corriger. C'est ainsi que le 1er juillet 2024, il a nommé à la tête de la DAG "un nouveau directeur, M. Roland BOPP...[avec] une feuille de route pour restructurer notamment les missions du service et la gestion des ressources humaines". 

Parmi ces missions, il y a celles concernant les attributions de terres domaniales de 10 hectares aux uns, quand d'autres doivent inlassablement se contenter de cultiver sur des terres fatiguées et peu productives.

En matière de politique forestière, deux poids, deux mesures également. C'est ainsi que 2 scieries sont favorisées pour le bois local acheté par l’Office polynésien de l’habitat au détriment de la 3ème entreprise.

Trop d'agents ?

À Pirae, que penser des engins très chers qui sont payés mais pas livrés ? Le nouveau directeur Roland BOPP a ainsi demandé l’inventaire des véhicules équipements et matériels de la DAG partout en Polynésie.

Que penser aussi des agents qui partent dans les îles pour effectuer des centaines de contrôles ? Les frais de mission leur permettraient de doubler leur salaire sauf qu’à l’arrivée, peu de rapports sont produits ! Résultat : la DAG compte des milliers de données sur tout et n’importe quoi. À noter que 275 agents sont répartis dans les 5 archipels dans 12 antennes au total (plusieurs antennes par archipel). Des agents qui ont reçu par leur nouveau directeur "une feuille de route et de mission avec des stages de remise à niveau entre les différentes cellules du service et avec les autres services", précise le ministre de l'Agriculture.

Par ailleurs, selon nos informations, plusieurs dizaines de millions ont été payés à des cabinets d’études pour des travaux qui n’ont aucun impact sur la politique agricole du Pays.

Un budget annuel de 6 milliards cfp, et peu de résultats.

Mais les habitudes ont la vie dure à la DAG. En 2017, la chambre territoriale des comptes épinglait déjà la gestion de la direction générale de l’agriculture sur la période 2010-2017.

Quatre années plus tard, le Pays a bien mis en place un schéma directeur mais il n’existe aucun contrôle de l’utilisation des aides alors que plusieurs centaines de millions sont en jeu.

Trop de pesticides

Au final, c’est la double peine pour les consommateurs polynésiens. En plus de payer des impôts pour mettre en œuvre une politique agricole, ils doivent en plus mettre la main à la poche pour acheter des fruits et des légumes chers et pas forcément sains.

Il y a quelques années, le taux de pesticide dans le chou local faisait scandale. Aujourd’hui, ce taux est plus élevé dans le pota !

Le reportage de Titaua Doom :